Le Raid VTT des chemins du soleil

Un raid VTT ? Mais pourquoi faire ? Avec mon passif de descendeur, j'aurais pu me poser de nombreuses questions sous l'arche du raid des chemins du soleil avec mes flat pédals entouré de collants, cadre carbone et petit débattement. Mais la passion pour le VTT, l'invitation d'un bon copain et le département des Hautes Alpes m'ont finalement convaincus à m'inscrire le 13 novembre dernier. Prépa bonhomme, prépa vélo, et anecdotes à découvrir ci-dessous !

Texte : G. Buisan / Photos : G. Buisan - Raid VTT chemins du soleil

La préparation pour du VTT au long court

3 jours de VTT, 4 avec le parcours de la nocturne que nous avons fait en plein jour, pour 220km et 7970m de dénivelé positif ça se prépare un minimum. Pas pour gagner comme Brice et Laurent vainqueurs de l'édition 2012, mais pour finir ce tour VTT sans broncher, tout en prenant le maximum de plaisir sur le moindre mètre de dénivelé négatif ! 

Video 

Pour ce faire, j'ai laissé le ChillEasy de côté pour me remonter un Simpletrack en acier qu'Erwan s'était fabriqué il y a un an. Je connais en revanche les composants sur ce vélo, puisque ce sont ceux que j'ai roulé avant l'arrivée du ChillEasy. Du basique mais diablement efficace, et je pense notamment à ces freins Hope Tech4 E4 ... qui n'ont eu le droit qu'à des changements de plaquettes sans purge, ou encore à cette paire de roues qu'Asterion nous avait rayonnée en 297+ toujours droite sans le moindre plat ni voile, après 6 ans d'utilisation en Endurigide sur les traces engagées de la Garoutade. La Pike en 150mm de débattement a eu le droit à sa lubrification pour gagner en confort, seule la TDS et le groupe ont eu le droit à un changement, j'ai récupéré les composants AXS de mon ChillEasy pour les monter sur ce Simpletrack. Cassette 10-50, pédalier TA usiné dans la masse avec plateau de 34 pour enrouler les longues bosses. Le cadre de R1 est racé, plus slopping tu meurs, ça me plait. C'est parti !

Les retrouvailles avec l'Endurigide sont toujours un peu délicates, faut apprivoiser mais surtout absorber les chocs sur les jambes sans quoi, on se retrouve à jouer les danseurs alcoolisés sans rythme et sans vitesse ! Quand je remonte sur un hardtail, c'est jamais sans mon petit manomètre digital schwalbe afin de peaufiner mes pressions de roulage au gramme près pour utiliser la totalité du débattement de mon Hutchinson Toro en 27"x2,8. En 2018, j'utilisais la fine mousse HuckNorris en taille L pour d'une part protéger la jante Astérion des impacts et d'autre part m'épargner des crevaisons sur pincement. En 6 ans il y a eu quelques évolutions dans le domaine des mousses, alors j'ai voulu essayé ceux qui ont la meilleure presse : Les cushcore. Après une installation musclée, j'ai été déçu du roulage car même avec une très faible pression dans le pneu arrière, je ne retrouvais pas l'amorti et le touché de sol de mon montage précédent. La mousse cushcore est trop épaisse et empêche le pneu de se déformer y compris lorsque ce dernier est gonflé à 0,95 bar. Le surpoids du cushcore m'a aussi refroidi.... 290g contre 70g pour la mousse Huck ! Sur une roue arrière ça se sent au pédalage et par rapport à mon programme de raideur c'était trop lourd ! 

Évidemment, ce bike check ne se terminera pas sans un mot sur mes pédales plates. Rouler en plate sur un Endurigide, c'est le choix de ne faire qu'un avec son vélo, baisser ses talons pour amortir les impacts et garder le contrôle. Une vraie école, ou je dirais même la seule école de pilotage ! Mon combo chaussure x pédales est un peu moins performant qu'en 2018, je teste les chaussures ION et les pédales Look Trail Roc. Toutes deux sont très durables puisque je les use depuis plus de deux an, mais le grip est moins bon que le combo HT x 5.10. Lorsque je teste un produit, j'ai pour habitude d'aller jusqu'au bout, alors je vais continuer de les rouler jusqu'à ce que mort s'en suive... Pour les chaussures et pédales évidemment !

Outre la reprise de sensations au guidon d'un semi rigide, il a fallu ré athlétiser le bonhomme. Après 1an et demi de chantier pour construire son nid familial, il était temps de remettre le facteur sur le vélo. Le tout en jonglant avec un emploi du temps plus garni qu'il y a 2 ans, étant futur papa, la liste de tâches pour parfaire notre foyer familial mobilise quelques heures de concentration et d'application chaque semaine.

Mais qu'importe, je l'avais décidé, je souhaitais prendre ce temps pour me remettre en forme. Heureusement le mode de vie Caminadien que je me suis créé m'offre la possibilité de vélotaffer en VTT par des sentiers, ou encore de m'évader le temps de 1h30 pour la pause de midi. Quel pied de vivre et œuvrer entre Rodès et Ille-sur-Têt, respectivement aux pieds de ces montagnes par lesquelles commence la longue et fascinante chaîne des Pyrénées. 

Bref, 4 semaines à 10h de gravel ou VTT en moyenne m'ont bien remis en selle ! 1 semaine de repos et j'étais prêt pour retrouver mes petits copains au Raid des Chemins du soleil. 

Une orga comme je les aime 

En étant souvent de l'autre côté des sentiers, c'est avec attention que j'allais participer à mon premier raid des chemins du soleil. Mes attentes étaient aussi élevées que le montant déboursé pour s'inscrire (240€). Je redoutais aussi le nombre de participants et "les bouchons" sur les sentiers, 800 raideurs à déplacer dans la montagne, a nourrir matin, midi et soir, à héberger. De plus, le terrain de jeu étant détrempé par les belles pluies printanières, l'organisation devait supporter 800 vélos à nettoyer tous les jours.

3 jours durant, un prestataire sélectionné par l'équipe organisatrice nous a nourri matin et soir. Les ravitaillements sont quant à eux gérés par une équipe de bénévoles attachants composée de jeunes et de moins jeunes ! Pour le petit-dej et le diner, la consigne du briefing m'avait déjà donné le son de cloche "Chacun ramène son assiette, ses couverts et son verre". Beh oui c'est logique, chacun gère sa vaisselle, ça prend 2 min par personne et surtout on créée pas une montagne de déchets avec les couverts et assiettes à usage unique.

La 2ème curiosité qui m'a marqué était de voir la personne identifiée comme responsable ou gérante de l'établissement culinaire à la plonge dès le premier soir. L'autre soir je l'ai vu au service, et enfin en cuisine. En posant la question aux autres collaborateurs de cette équipe de passionnés, ils m'ont expliqué que la répartition des tâches était tournante. Ici pas de larbins à la plonge toute la semaine, on tourne, on change et on se respecte. Seule Odile, la cheffe cuistot qui à elle seule détient le secret du ragout de brebis ou encore du riz au lait, a le droit de rester devant les énormes casseroles. 

L'importance du choix du prestataire "repas" dans une organisation sur plusieurs jours est cruciale pour les participants, et sur le raid du chemin du soleil on sent bien que le choix s'est porté sur la qualité de la prestation tant sur le point culinaire, sociale et environnementale. Qualité que j'ai apprécié retrouver tous les 20-25 km sur les parcours lors des traditionnels ravito ! Jambon, saucisson, tomme, brie, pain, tous les produits étaient de qualité ! La plupart locaux, évidemment il y avait des bananes, mais c'était une concession nécessaire pour approvisionner les collants pipettes en recherche de vitesse sur les pistes en montée. 

Pour ma part je m'en suis tenu à un régime protéiné et gras sur ces deux jours, j'ai laissé de côté ma gourmandise avec son lot de gluten et de lactose. Ni tomme, ni brie, ni pain, ni confiture de marron. Jambon, saucisson et fruits m'ont requinqué à chaque passage. Ce régime m'a permis d'épargner mon estomac d'un effort digestif trop important afin de me concentrer sur les 3000m de D+ à gravir ! 

Une trace aux petits oignons

220km de traces ! "Alors là je demande à voir, parce que je viens des Pyrénées et chez moi les chemins sont trop classes" dixit le catalan qui débarque dans les Alpes. Bah faut dire que j'ai été servi, sur les 20 premiers kilomètres (le parcours du prologue nocturne) j'ai halluciné de voir la continuité de sentiers all-mountain jusqu'à atteindre le départ d'une longue descente dans la pente pour arriver au village de Veynes. Halluciné voire inquiété car l'enchainement de montées-descentes m'amusent tellement, qu'il est difficile pour moi de renoncer à la relance en danseuse pour basculer avec de l'élan dans la descente suivante. Impossible pour moi de me projeter sur 200km comme ça ! Je vais me cramer, va falloir que je me calme. 

Heureusement pour nous, les autres traces étaient plutôt fidèles à une longue montée suivi d'une longue descente. Sur les 220km d'itinéraires proposés j'ai du faire 5 bornes sur piste forestière en descente où j'ai pensé que je perdais mon temps et surtout mon dénivelé. 5km vite oubliés par de nombreuses et longues descentes sur singles variés allant du pierrier à l'humus de montagne. Des terres noires en freeride aux sentiers cassants du sud.

Un terrain de jeu unique bien exploité par les collectivités locales, la majorité de l'itinéraire était balisé vélo pour le plus grand plaisir des pratiquants et surtout du développement d'un tourisme vélo. Paris gagnant pour la communauté de commune Buech Devoluy qui développe sa compétence activités pleine nature en s'appuyant sur l'office de tourisme Sources du Buech pour valoriser ces itinéraires. Je n'ai pas eu l'occasion discuter avec Hervé Simon le directeur de course, mais on sent bien que tous les acteurs du territoire œuvrent ensemble pour pousser l'activité vélo sur les chemins du Buech. Une synergie inspirante quand au chantier qui nous attend dans la vallée de la têt et que nous avons débuté avec le projet Activ' vélo aux côtés du syndicat mixte Canigó Grand Site ou encore la remise sur pieds de la Garoutade. 

La tête pleine d'idées et mal de fessiers 

Évidemment 4 jours de vélos entre copains ça détend et oxygène l'esprit. Un temps apprécié car nos emplois du temps trop chargé mettent à mal l'équilibre nécessaire à la joie, au sens et au lien. Et un temps nécessaire pour revenir avec du sang neuf œuvrer dans cette Fabrica qui nous anime tant.

Comment finir cet article sans parler de mes camarades de rando, Lola, Thierry et Clément. Lola faisait parti des trop rares féminines alignées au départ de la rando. Déjà finisheuse l'an passé, elle a du écœurer quelques randonneurs dans les descentes en restant sur le vélo dans les parties les plus techniques... Et comment ne pas parler de Thierry, son papa, 64 ans, 16ème raid du chemin des Soleil. Ne lui parlait pas de VAE, le musculaire lui va si bien ! Ça pédale fort en montée, ça déroule en descente. Le secret pour durer ? Surtout ne jamais s'arrêter. Une bonne source d'inspiration pour mes vieux jours. 

Roh et puis ce raid n'aurait pas eu le même goût si je n'avais pas partagé les descentes avec mon pote INSAlien Clément ! Un mano à mano bienveillant, a toi à moi, à toi à moi, mais sans alcool et dans la pente. Quel plaisir de manier nos VTT de la sorte en descente. A raison de dépassement sur dépassement, on s'interdisait les pauses en descente tellement le plaisir et l'adrénaline nous prenaient aux tripes !   

Malgré le nombre de Km avalés, les jambes répondaient présentes le dernier jour. Mais ce qui revenait c'était les douleurs aux fesses, ischions, périnée, parties génitales. La position de VTT étant plus droite que la position Gravel ou Route, notre masse est concentrée sur la selle et l'appui au niveau des ischions est trop important. Le cintre de VTT mono position n'aide pas dans ce sens. Lorsque je roulais dans les longues montées, je rêvais de mon cintre H-bar multiposition afin d'incliner mon buste de quelques degrés et d'avancer mon centre de gravité vers le cintre. 

En réfléchissant aux améliorations que je pouvais faire sur mon poste de pilotage pour soulager mes douleurs, je n'ai pas pu m'empêcher de réfléchir à ce que pourrait ressembler mon VTT taillé pour ce raid, alors en voici un bref résumé : 

Ce que je garde : 

• Une géométrie endurigide avec un angle ouvert pour continuer à descendre avec un maximum de confiance
• La configuration 297+ pour l'adhérence de la roue arrière en montée et le confort du pneu arrière en 2,8 gonflé à 1,15bar
  
• La fourche en 150mm de débattement largement suffisante pour visser en descente

Ce que j'abandonne : 

• La paire de roue pour un montage jante carbone NeoWheels sur rayons Berd pour gagner en légèreté et confort.
• Le cadre pour son cousin en Titane.
• La transmission AXS pour une transmission Pinion pour la fiabilité et la largeur d'utilisation d'une boite de vitesses.
• Mon cintre VTT avec Backsweep de 8° et rise de 20mm pour un proto de l'H-bar VTT avec rise 0mm et backsweep 16° 

Mon dream bike a de fortes ressemblances à celui de Brice préparé pour le concours des Machines 2024 dans les Pyrénées. Hormis ce cintre qui n'existe que sur dessin à l'heure ou je vous parle. Reste à mobiliser R1 pour nous préparer un proto et valider ou non le produit. Chiche ?