C'est dans la boite !
Il ne se passe pas une journée sans que j'enfourche mon deux roues. Ma bicyclette je la ponce matin et soir, parfois le midi pour m'aérer l'esprit. C'est d'un compagnon fidèle dont j'avais besoin. Une sorte de Golgoth sur roues, un traceur qui rechigne pas à la tâche. Étude dynamique, H-Bar, boite de vitesses, cadre en titane. Je vous explique mon cheminement vers mon nouveau Gravel durable.
Geoffrey BUISAN
Une autre façon de fabriquer
Pour ceux qui n'ont pas lu le constat déballé dans mon dernier article de début d'année Pivoter les doigts dans le nez, il est très simple : les appro en dehors du vieux continent vous oubliez. Avec un stock géré en flux tendu, plus une marge de sécurité sur les étagères, plus le stock des distributeurs français, nous avions encore de quoi nous voiler la face pendant un an si nous avions voulu continuer à sourcer nos transmissions en Asie. Mais la fainéantise d'esprit n'est pas une des caractéristiques de la maison. Le père Epailly saisit le moindre grain de sable dans l'engrenage mondialisé pour déposer une idée constructive qui répond à la question : comment peut-on faire autrement ?
Le cintre H-Bar et les platines titane made in AQUI se comptent parmi les solutions les plus ingénieuses. L'objectif étant toujours de s'approvisionner au plus près tout en répondant à nos besoins.
L'étude dynamique avec H-Bar
Le besoin dans l'histoire c'est moi qui l'exprime. Geoffrey, 27 ans, féru de vélo, je suis pas encore un baroudeur mais franchement j'ai bien envie d'en devenir un. Quand je vois des gens voyager en vélo ça me fait rêver. J'ai connu deux belles expériences de bikepacking l'été dernier, 2 fois 600km dans les Pyrénées en allant bouffer au restau et en dormant dans un hamac. Les sorties à la journée je kiffe mais avec menu du jour et deux bières. Je compte pas arriver dernier en haut de l'ultime col du tour du Canigó, donc les randonneuses en mode char d'assaut non merci. Ah oui et aussi comme je l'ai dit dans l'intro, mon vélo c'est ma 205 de tous les jours mais à deux roues :).
Quand j'ai vu pour la première fois ce cintre H-Bar, c'était entre les mains de PPU (le fils de Brice). Je l'ai vu passer comme une fusée avec les mains accrochées sur les cornes (Position 4 pour nos lecteurs). La deuxième fois, je l'ai essayé sur un vélo client. Pour la petite anecdote, tous les vélos expédiés sont testés sur le devant de l'atelier pour valider le réglage de la transmission et les serrages. En l’occurrence, c'est David et Alois qui les essayent SAUF quand le vélo est vraiment trop grand. Ce jour là j'ai eu l'occasion d'essayer un H-bar sur un Allroad qui allait être livré. En l'espace de cinq minutes, je me suis dit qu'il y avait quelque chose. La troisième fois que ce cintre m'a marqué c'est lorsque je l'ai monté sur le vélo de Laura. Nous sommes partis rouler pour essayer le nouveau p'tit bike. Lorsque la pente s'est inversée sur une descente technique, je l'ai vue posée sur son cintre comme jamais. Et moi qui galérait avec mon drop bar et ses deux positions de freinage aussi nulles l'une que l'autre lorsqu'on a les jambes tendues.
C'est avec un cintre H-Bar que je suis allé voir Britcho et son vélo diabolique. Ce vélo si précieux, a la particularité (en plus d'être moche) de faire taire les plus incertains en terme de position. Entièrement réglable, je peux valider une position souhaitée en sachant qu'en atelier, R1 sera capable de la reproduire. Avec Brice, on s'intéressait surtout à quelle pouvait être la position idéale pour une personne qui cherche à garder une identité sportive au vélo. En d'autres termes, avoir une position dans laquelle je peux tirer sur le cintre pour envoyer sur les pédales. C'est là où les positions 4 et 2 prennent tout leur sens. La première lorsque je veux tirer sur le cintre en tartinant. La seconde lorsque je veux être posé avec une répartition des charges parfaites entre mon fessier et mes mains afin d'éviter toutes douleurs ou fourmillements. La position 1 est vraiment ma position de confort en descente. C'est aussi celle qui permet un relâchement complet dans des moments de baisse de régime.
Finalement ma selle se postera légèrement au-dessus de mon cintre H-bar. J'ai d'ailleurs ajusté d'1cm cette côte en descendant mon cintre ce week-end après ma première micro aventure de 2 nuits 2 jours dans les Corbières. C'est d'ailleurs au cours de ce petit voyage que j'ai pu finir de me faire un avis sur l'autre élément différenciant de mon vélo : la boite de vitesses Pinion.
La boite de vitesses dans toute sa largeur
C'est une C1.9 que j'utilise sur mon vélo, ce ne sont pas 12 mais 9 vitesses que j'utilise sur mon Gravel Ti. Pourquoi une 9 ? Car c'est aussi le nombre de vitesses que nous délivreront Effigear et sa Micmic dans quelques semaines on l'espère. Cocorico !
Pour revenir à ma boite Pinion, c'est 9 vitesses et 568% de plage de développement, avec un étagement de 24,3%. Si je vous parle chinois, vous feriez mieux d'aller sur l'article de vulgarisation des transmissions de Gabriel avant l'interro surprise. Sur le papier, la boite de vitesses s'annonce être la passe-partout dans les plans les plus galères de Komoot bien que son étagement casserait presque mes envies folles de suivre le peloton de tête des sorties entre amis.
Par ailleurs j'ai aussi décidé d'engrener mon Pinion arrière avec une chaine. La courroie Carbon Gates est meilleure sous tous les points mais encore une fois la relocalisation a raison sur la mondialisation. Du coup j'ai snobé les ricains de Gates pour directement monter un bon kit chaine fournit par Pinion. L'avantage de la chaine réside surtout dans la possibilité de la réparer si elle venait à casser en plein milieu de l'Afrique...ou des Pyrénées-Orientales.
Sur le terrain, la première sensation choquante c'est effectivement la largeur d'utilisation. 568% avec un vélo de 10kg c'est très large. Mais c'est bien cette dernière largeur que j'ai apprécié le week-end dernier dans les Corbières avec mon vélo de 22kg. Et oui car avec une tente, un duvet, à manger et à boire c'est bien le poids que font nos vélos. Pour l'étagement je n'ai pas encore bouclé le tour du Canigou avec les furieux pour voir si j'implose sous un rythme imposé. En tout cas ce qui est sûr c'est que lorsque c'est moi qui dicte le rythme, l'étagement je m'en fous, je trouve toujours ma vitesse de croisière, que ça soit en montée ou sur le plat. Enfin en ce qui concerne la chaine qui travaille dans l'axe, il n'y a pas besoin de faire d'étude de mécanique pour comprendre que sa durée de vie sera quintuplée dans cette configuration.
Ce vélo était aussi l'occasion de valider les nouveaux support de boite Made in Aqui. Toujours dans la démarche de sécuriser nos approvisionnements. Cette solution est compatible courroie et chaine, le tout standardisé sur le moyeux Hope Pro4 trial SS vissé en 135x10. La première validation était esthétique, car pour accepter une courroie nous avons déporté la base au-dessus de cette dernière. Fidèle à notre habitude, ce design, un brin disruptif, nous a tous convaincus lorsque nous avons mis le vélo sur roues. La seconde validation se devait d'être sur le terrain, et pour ce faire le bike packing est le meilleur des tests. Surcharge, pistes défoncées, montées impossibles, j'ai pu valider la rigidité latérale lors de ces trois derniers mois d'utilisation.
Ce dernier vélo a une histoire, celle de montrer qu'il est possible de fabriquer un vélo en local, durable et efficace. Cette histoire sera portée par son design d'ensemble unique qui ne laissera personne indifférent.
Parution : 24/04/2021