Le lancement de Kimana
Une paire de KIMANA entre les mains, je me demande comment j’en suis arrivée là… Je me suis réfugiée près du poêle et je regarde autour de moi. Je me vois, assise dans un lieu de vie qui a récemment vu le jour : la Fabrica. J’entends au loin les Caminadeboys travailler, les enceintes en mode ‘’ON’’ pour donner le rythme. A l’étage, j’observe la porte qui donne accès à mon atelier. Dans quel ordre sont apparus chacun des rouages qui m’ont menée ici ? Je ne sais plus mais ça ressemble à un engrenage parfait.
Laura - Fondatrice de KIMANA
La Fabrica
Rappelez-vous, il y a à peine un an, Caminade mettait en ligne le forum de la transition. L’épisode Covid aura au moins donnée de bonnes idées à certains. Il était temps d’agrandir son espace de production de vélos tout en intégrant des concepts de transition et de collaboration. Ces derniers seraient harmonisés autour de 3 axes : économique, solidaire et social. Un joli dessin accompagnait le tout. Je n’avais pas encore donné signe de vie que le mot "couture" apparaissait déjà dans les idées. Il était question de créer entre-autres, une recyclerie, un espace de co-working ou encore d’organiser des événements culturels.
Le vélo au quotidien, le circuit court et l’influence positive étaient les mots d’ordre.
Le lieu-dit La Fabrica situé à une centaine de mètres de l’ancien atelier, en plein centre-ville se prêtait tout à fait à cette belle idée. Il ne restait plus qu’à transformer le théâtre qui l’occupait en atelier digne de Caminade. Je venais de débarquer et le déménagement allait commencer. Les travaux ont été l’occasion de se sortir les doigts du c… euh… de se mettre en action et se rendre utile !! On s’y retrouvait tous les jours et l’ambiance co-working se dessinait déjà. En quelques semaines, l’atelier était en place et un tiers-lieu venait de voir le jour. Comment ont-ils réussi à combiner les deux ? Tout simplement parce que la Fabrica a pour deuxième petit nom la SCI des possibles. Une appellation qui doit également faire écho aux porteurs de projets. Car rendre réalisable des projets qui relocalisent des savoir-faire en créant des emplois heureux est la raison d'être du lieu.
Le Co-working à la Fabrica c’est le partage de locaux mais aussi la mise à disposition des forces de chacun. Aujourd’hui c’est lancé et je suis la première à pouvoir l’attester. Pour KIMANA, le coup de main donné en octobre lors des travaux a été l’élément déclencheur. Avec une motivation soutenue et mon trop plein d’énergie j’ai foncé.
Les acteurs
Quand je suis arrivée avec mon projet KIMANA entre les mains, les hommes du possible étaient prêts à m’accompagner chacun à leur façon. Quand on débarque à la Fabrica il n’est pas question de payer un loyer, mais avant tout de se concentrer sur son projet et d’être heureux dans ce que l’on fait. Aujourd’hui, tous s’impliquent pour que je réussisse dans la création de mon entreprise. Geo est d’un soutien moral sans faille et n’hésite pas à donner des conseils sur la gestion. Quand on rumine trop et qu’on ne trouve pas de réponses à ses questions, c’est Brice, en ancien prof aguerri, qui nous embarque pour un footing dans la garrigue afin d'éclaircir la situation. Erwan se laisse également déranger quand il s’agit de conseiller sur l’outil de production. Quant à Aloïs, il est toujours d’attaque pour sortir l’une de ses blagues qui remontent le moral.
On peut dire qu’aujourd’hui la Fabrica est devenue une mosaïque d’acteurs. Il y a ceux qui occupent les lieux de façon permanente et ceux qui animent les locaux occasionnellement. Gaby, dernier en date à avoir intégré l’équipe Caminade est le chef d’orchestre du lieu de vie. Quand il n’a pas de stylo à la main pour écrire un article, il se réjouit de mettre à disposition ses talents de photographe. C’est également lui qui gère le marché organisé tous les jeudis au sein de la Fabrica. Ces soirées sont l’occasion d’échanger sur les projets de chacun. Un moment de partage dédié aux producteurs locaux qui viennent vendre fruits, légumes, fromage, charcuterie… et j’en passe. Les étals en place, les discussions sont lancées et se prolongent en débats philosophiques qui font avancer les projets de chacun. C’est aussi le moment pour les plus curieux de découvrir les différents ateliers. Les portes grandes ouvertes de mon côté, je me réjouis d’expliquer le projet KIMANA.
KIMANA
En montant l’escalier on tourne à droite, au fond, un panneau avec inscrit KIMANA indique l’entrée. La première question tombe : ‘’Que signifie KIMANA ?’’. C'est tout simplement la traduction de "minimaliste’’ dans une langue indienne. Le minimalisme vient compléter les trois autres grandes caractéristiques de la sandale qui sont :
- Le made in France
- La fabrication sur mesure
- La possibilité de porter la paire pour des activités variées : le gravel jusqu'au bout des pieds ;)
C'est finalement un projet qui me ressemble. De nature sportive l’idée d’avoir une paire que je puisse mettre aussi bien à la plage qu’en randonnée à la montagne m’enchantait. Plus besoin d’avoir des chaussures de rechange dans le sac pour mon tour à vélo ou pour le petit run du midi. De quoi faire le tri avec mes cinq paires qui trainaient dans le vestiaire (c’est les Caminadeboys qui seront contents).
Aujourd’hui KIMANA me permet de savourer l’emploi heureux. C’est un projet émancipant dans lequel je peux m’exprimer et m’épanouir pleinement. Je ne vais pas le nier, porter son projet c’est énormément de joie et de bonne humeur mais aussi des pleurs ! Faire ce qui nous plait n’est pas synonyme de simplicité et avoir du soutien dans ces moments c’est juste primordial. Vous l'aurez compris, mener à bien un projet ne se fait pas en claquant des doigts. On (se) découvre de jour en jour. J’ai notamment appris à accueillir l’aide d'autrui.
Dans ce sens j’ai lancé un financement participatif, un moyen pour moi de valider l'intérêt de mon produit. Ces pré-commandes me permettront d'investir principalement dans mon outil de production et dans la matière pour fabriquer les 120 premières sandales. Aussi la plateforme offre à chacun la possibilité de m’accompagner à son échelle.
Avec KIMANA, la Fabrica a accueilli sa première co-workeuse. La famille étant vouée à s’agrandir, le prochain projet sera l’occasion pour moi de donner de mon temps pour faire naître un autre emploi heureux.
Laura
Parution : 27/03/2021