Le journal des cons finis - Semaine #4

Ce dernier mois, nous avons ingurgité beaucoup d'informations, d'avis, de conceptualisations et de leçons parfois... nous avons pesté, ruminé, accusé et fini par accepter. Il est temps pour nous de faire un premier bilan sur la façon dont Caminade va continuer à avancer en tant que fabriquant de cadres de vélo.

Brice EPAILLY

Aller à l’essentiel

Nous pensons chez Caminade que le vélo doit remplacer la deuxième voiture et nous allons pousser dans ce sens pour coller au plus près de nos propres besoins... donc sans doute des vôtres.

Si nous devions n'avoir qu'un seul vélo, ça serait le gravel. D'ailleurs vous l'avez sans doute déjà compris car à lui seul il alimente 70% de notre chiffre d’affaire. A mi chemin entre un vélo de route et un VTT, il ne manque pas grand chose pour le transformer en vélo de tous les jours : le vélo polyvalent par excellence. 

Chacun réfléchit à sa manière pour solutionner le portage sur un gravel sans tomber dans l'excès d'un vélo urbain incapable d'aller en montagne. Geoffrey en bon célibataire, a demandé à Erwan de lui faire une fourche porte-paquet sur laquelle il peut aussi bien poser une cagette pour faire le marché, qu'un gros sac de portage pour partir en voyage. De mon côté, j'ai joué la carte du poids en modifiant un système Tailfin en porte bagage en bois avec tendeur. Ma femme quant à elle à choisi une remorque Topeak pour passer du mode sportif au mode approvisionnement. Erwan a joué la carte du porteur à l'ancienne dont il est en train de fabriquer lui même le pédalier.

 

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Je pense, vue l'offre pléthorique de portage, que cette fonctionnalité n'est pas un frein à l'utilisation du vélo au quotidien. Il faut juste trouver un déclencheur. L'augmentation du prix de l'essence ou du coût général d'utilisation de la voiture sur des courts trajets en est un. Les bouchons en ville en sont un autre. Alors que finalement pour utiliser le vélo tous les jours, il suffit d'y monter dessus !

Acheter au plus près

Nous montrons au quotidien qu’il est possible de fabriquer en France à la seule condition de vendre en direct. C’est valable pour nous, mais aussi pour les producteurs locaux avec lesquels les supermarchés travaillent de plus en plus, contraints et forcés par les problématiques de confinement qui leur ont sans doute fait réaliser que les légumes ne poussaient pas qu'à Rungis.

Les clients qui nous font confiance l’ont déjà compris, mais dans notre cas acheter au plus près c’est faire par exemple le choix de ne proposer que des pédaliers en aluminium usinés dans la masse dans l’Aisne chez Spécialités TA et achetés unitairement en choisissant la longueur des manivelles et la taille du plateau. C'est aussi faire toujours confiance à Hope avec qui nous travaillons depuis le début et qui nous fournit depuis l’Angleterre JDD, collier de selle, moyeux et freins. Nous bossons avec Hutchinson dont les pneus haut de gamme sont encore fabriqués en France, mais pour combien de temps ? C'est pas simple mais quand c'est possible nous privilégions nous aussi le " j'achète dans ma zone ". Nous vendons des roues Mavic, dont les jantes tubeless non percées sont toujours fabriquées à St Trivier. Pour notre projet de vélo urbain, nous regardons de très prêt Mach1 qui rappelons le fabrique toujours des jantes et des rayons en France. Il est long le chemin de la vertu, mais si en plus on fait de mauvais choix aux intersections, faudra pas se plaindre d'être perdu. Nous poussons les transmissions Rotor fabriquées en Espagne et les boîtes de vitesses Pinion de nos voisins allemands dont nous sommes devenus les spécialistes en France. D’ici quelques semaines nous serons même en mesure de proposer la boîte Française Effigear jusqu’ici réservée au cadre en aluminium. La boîte de vitesse est d’ailleurs une des évolutions essentielles du vélo et la preuve que vous avez fait le choix d’un produit durable. Nous y croyons tellement chez Caminade que nous collaborons avec un gros équipementier automobile pour l'aider à développer une assistance électrique intégrant une boîte de vitesses automatique indispensable pour les gros utilitaires à pédales.

 

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Gâcher le moins possible

Nos cadres sont réparables et donc garantis à vie. Mais même si nous n’avons pas l’impression de pousser à la consommation, nous sommes conscients que nos produits sont encore chers. Certes nous proposons des vélos complets sur mesure en titane à moins de 3000€, mais notre savoir faire doit nous amener encore plus loin dans l'action. Les greniers regorgent de matières premières inexploitées : des vélos inutilisés, mal entretenus, cassés… mais qui dans nos mains pourraient trouver une seconde jeunesse. Il existe des recycleries de vélos sous forme associative mais grâce à notre savoir faire relocalisé, nous serions en capacité de réparer des cadres, de repeindre des vélos, réaliser des transformations dans le but de motoriser les bestioles ou de les modifier en triporteur. Le champ des possibles est immense, il suffit juste d’avoir envie. Aloïs qui a les mêmes intentions que nous dans ce domaine se propose d'ailleurs de vous questionner sur le sujet pour essayer de mieux cerner vos attentes.

 

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Ces 3 mantras doivent aussi et surtout s'appliquer au niveau individuel. Ne travailler que pour vos besoins indispensables, c'est travailler moins ( à vous de voir ce que vous mettez dans indispensable ). Faire travailler les gens les plus près de vous, c'est s'assurer que vos enfants auront un travail et ne pas exploiter les enfants des autres ( loin des yeux, loin du cœur me direz-vous ?). Ne pas travailler pour rien, en achetant des produits qu'on a déjà ou qu'on pourrait réparer ( c'est peut-être arriver à juguler une croissance infinie dans un monde fini ? ).

Et pour rester sur les individus voici de leurs nouvelles. Sylvain a décidé de ne plus prendre l'avion pour venir à l'atelier et vu qu'il est confiné à Paris il se pourrait qu'il décide enfin de venir habiter à Ille. David et moi avons fait un potager sous les conseils du très expérimenté Geoffrey qui m'a d'ailleurs obligé à ne pas me servir du motoculteur. J'ai du coup plus besoin d'aller à la piscine le mercredi, j'ai des épaules de déménageur. Erwan a décidé de re-construire le pont de la rivière Kwai à lui tout seul avec seulement l'aide d'une hache et de Bullit déguisé en mule. Geoffrey s'est désinscrit de Tinder et s'est mis au Yoga avec ma femme. Nous commençons à instaurer un système de troc : travail contre prêt d'objet...prêt d'objet contre gueuleton....mieux vaut ça que le Soudaqui ! Et les livraisons en vélo vont commencer...

https://www.youtube.com/watch?v=vpblBkPMty4&list=OLAK5uy_kpFwG4dNUbDmMe4NixSnxmf09VOrf3e-M&index=5&t=0s

Parution : 10/04/2020