L’aménagement de La Fabrica, le partage comme carburant
Jeudi 1er Octobre, 8h00: nous nous donnons tous rendez-vous à La Fabrica.
Ça fait plusieurs mois que nous attendons ce moment, nous avons eu le temps d’imaginer, de visualiser, de dessiner, de se projeter. Nous débarquons sur le lieu avec notre plan d’aménagement et nos idées plein la tête. Il faut maintenant passer à l’action, les réalités du terrain vont avoir le temps de nous surprendre. Nous sommes partis pour 2 semaines de chantier avec pour armes nos outils, nos têtes et la force d’un collectif bien soudé.Gabriel Tronche
L’histoire
Alfred et Zorabla, les anciens propriétaires nous avaient prévenus: La Fabrica est un lieu chargé d’histoire. Les premières pierres du bâtiment datent de l’époque Louis XIV (début 18ème), ce lieu a d’abord servi de fabrique à canon de mousquet d'un côté et de moulin à huile de l'autre, la présence des anneaux qui servaient à atteler les ânes en témoignent encore. Ensuite a pris place une limonaderie, mais au fil du temps et des propriétaires, le bâtiment s’est petit à petit dégradé. Puis, dans la fin des années 90, sous l’impulsion d’Alfred et Zorabla qui ont décidé de faire revivre ce lieu, La Fabrica est devenue un théâtre. Pour les habitants du village, c'est un lieu de partage où l’on vient se divertir. Il est pour beaucoup le berceau de nombreux souvenirs comme nous l’a raconté Laura.
Il est vrai que lorsque l’on pousse la porte et que l’on rentre dans la pièce, on ne reste pas indifférent: Les murs se sont imprégnés des bons moments vécus ici, on imagine encore les ânes avec leur sac rempli d’olives et on entend encore les applaudissements du public à la fin des représentations théâtrales. Au dessus de l’estrade, on peut deviner ce qu’il est écrit sur la plaque métallique symbolisant une médaille ternie par le temps. On aperçoit également un télésiège qui devait servir lors des comédies de la troupe. Il ne pourra pas rester ici mais il faudra lui trouver une place. La Fabrica se situe rue de la neige après tout !
Ce lieu est inspirant, c’est maintenant à notre tour d’écrire son histoire.
Le chantier
Le chantier de l'aménagement commence par la démolition des gradins du théâtre. C’est dans cette pièce que sera situé l’atelier. Il sera surplombé d’une mezzanine qui donnera un point de vue privilégié sur la production de nos vélos. Chacun muni de sa visseuse nous commençons par enlever l’ensemble des planches de bois qui constituent le revêtement des gradins. Nous tombons ensuite sur la maçonnerie qui soutient les gradins. Première surprise, il y a une quantité de béton monstrueuse là dessous et qui plus est ferraillé : c’est du solide ! On y va à coups de masse et marteau-piqueur, tout le monde y donne du sien. Il y a une énergie folle qui se dégage. Commence ensuite l’évacuation des débris : après 2 aller-retours avec nos remorques amateurs à la déchèterie, on se rend vite compte qu’on est arrivés à la guerre avec les mauvaises armes. C’est en demandant conseil à notre ami maçon Jérôme que nous trouvons la solution, nous faisons installer une grosse benne par un prestataire. L’ampleur de la tâche est énorme, il faut sortir l’ensemble des gravats et les charger dans la benne. On s’organise rapidement : un groupe qui charge les brouettes et les caisses à la pelle, un autre qui les vide dans la benne. Le moment est fédérateur, on pousse tous dans le même sens pour atteindre le même objectif. Pendant le week-end, nous recevons même du soutien de nos amis et de la famille. Toute cette énergie fait la différence, en 4 jours nous allons remplir 3 bennes complètes de gravats. La salle est évacuée et prête à recevoir la construction de la mezzanine.
Pendant ces 2 semaines d’aménagement, nous recevons l’aide de 2 amis woofers : Etienne et Maël. Etienne est charpentier, il est le maître d’œuvre pour la création de la mezzanine. Quant à Maël, il est notre expert électricien. Nous nous organisons maintenant en petit groupe pour les différentes tâches : rapatrier les machines de l’ancien atelier, déplacer les matériaux de récupération, construire la mezzanine, réparer et modifier le circuit électrique, nettoyer les lieux,… Ce n'est d’ailleurs pas toujours évident de cohabiter entre ces différentes tâches, on entend souvent pester contre Maël lorsqu’il coupe le courant en plein travaux. Mais c’est finalement cette diversité des opérations qui rend le travail intéressant.
La naissance d'un lieu
Cet aménagement de La Fabrica, nous le vivons ensemble. Ça commence le matin à 8h par un café et un petit déjeuner pour prendre la température et faire le plan de bataille de la journée. Après ce premier moment dans la bonne ambiance, on se sent prêts pour attaquer le chantier. Une fois que nous nous sommes bien dépensés, on se retrouve tous autour d’une grande table pour partager le repas du midi. Ici, on doit remercier Laura, Agathe, Claire, Hélène et Nathalie qui ont pris le temps de nous faire de bons repas en cuisinant les fruits et légumes de Florent (maraîcher local des jardins de Saint-Sauveur) et les fromages de chèvre de Thierry. Après avoir bien rigolé et repris des forces, nous sommes dans les bonnes conditions pour retourner à nos occupations du chantier. Sur le chantier, c’est aussi le moment propice pour apprendre des uns et des autres et de partager nos savoir-faire respectifs. Une fois la journée de travail terminée, nous acceptons volontiers une bière de la brasserie Alzina ou une speak easy de LFTG servie à la pression avec notre tireuse à bière. Nous pouvons ensuite passer à table pour partager un dernier moment convivial.
Finalement, la naissance d’un lieu passe par un aménagement matériel, mais ce sont avant tout les instants passés ensemble à le faire vivre qui vont permettre de lui donner une identité, l’identité Caminade !
Parution : 13/10/2020