
Gravel, VTT et grands espaces : l’ascension en roue libre
Lundi 2 juin 2025, la cloche de l'église d'Ille-sur-Têt sonne 10h, l'heure du café et de débriefer sur les sourires, les mal de fesses, les courbatures aux jambes et cette fatigue physique si bonne pour le corps et l'esprit avec un gros week end d'ascension à vélo Gravel pour certains et VTT pour d'autres !
Texte : Mike et Geoffrey
Geoffrey : Bon alors ?... Comment que c'était ? Vous êtes partis par où ?
Pour replacer le contexte de cette conversation, il faut quand même expliquer qu'Hélène et nos deux compagnes respectives se sont inscrites à la Desertus Bikus ! Le retour de Brice et le récit de ses aventures ont fait naitre chez "Les Déserteuses" l'envie de traverser l'Espagne. Ce n'est qu'une fois les inscriptions validées que la préparation a débuté. D'où une programmation typée voyage à vélo de nos ascensions respectives !
Mike : C'était vraiment incroyable ! Ce voyage d'ascension était tellement intense, et il porte bien son nom...
Comme d'habitude, France et moi nous sommes partis de la maison avec nos fidèles Allroad, et on s'est lancé dans une boucle de 6 jours en bikepacking. On sait par expérience qu'on s'ennui vite quand c'est trop plat, alors on a pris la direction des montagnes. Mais cette fois dans nos sacoches : pas de chambre (ni tente ni draps ni couette) pas de cuisine ou de salle de bain, seulement quelques affaires de rechange et de quoi grignoter sur le parcours.
La trace imaginée depuis notre canapé était à la fois alléchante et ambitieuse : environ 650 km, près de 14 000 m de D+ et une douzaine de cols à visiter. Nous qui n'avions jamais fais plus de 100 km à vélo dans la même journée, on se lançait donc un vrai défi. Comme un test pour savoir si nos corps non entrainés étaient capables d'enchainer plusieurs étapes de 120 bornes avec plus de 2 400 m de dénivelés positifs. Comme un premier entrainement pour France en vue de la Desertus Bikus.
Les 3 premiers jours étaient les plus sérieux : Col du Fourtou et Col d'Ares jusqu'à Camprodon, puis Col de Jou et La Molina pour rejoindre la Basse Cerdagne et La Seu d'Urgell, et enfin Port del Canto et Port de la Bonaigua pour atteindre Vielha et traverser le majestueux Val d'Aran. Les 3 jours suivants étaient composés des cols haut-garronnais de Menté et Portet d'Aspet pour rallier Saint-Girons, d'une étape ariégeoise à définir pour rejoindre Belcaire et le Plateau de Sault, et enfin d'une dernière demi-journée dans l'Aude pour rentrer à la maison par les Fenouillèdes.
La première journée a été incroyable ! La météo était parfaite. Un mélange de calme et d'excitation nous portait, et on a beaucoup pensé à tes conseils Brice : "Ne partez pas trop vite, vous devez pouvoir parler dans les montées et manger régulièrement (...)". Ca tombe plutôt bien : on adore papoter pour refaire le monde et manger est notre première passion, avant même le vélo ! Alors on a pédalé toute la journée, sans forcer plus que nécessaire pour avancer sous le soleil et sa chaleur écrasante, et en s'arrêtant régulièrement pour se ravitailler. 8 heures de selle plus tard, fatigués mais pas complètement épuisés, on a fait le bilan de cette première étape autour d'une bière bien méritée : "Génial ! C'était trop bien ! Vivement demain !"
La veille du départ, on avait réservés les 3 premières nuits dans de petits hôtels pour ne pas avoir à se soucier de ça pendant le voyage, tout en se laissant la possibilité de changer le programme si besoin ou envie. C'est évidemment plus cher que le bivouac sauvage, mais aussi plus confortable pour ce genre de court séjour. Pas besoin non plus de trimballer le petit déjeuner, on pouvait se concentrer sur le repos et les sensations bienfaitrices d'une belle journée passée sur le vélo.
On avait déjà expérimenté le voyage à vélo et cette sensation si singulière liée au pédalage en équilibre sur 2 roues. Cette méditation roulée. Chaque tour de pédale n'étant qu'un tour de pédale. Répété à l'infini, cela crée un mouvement fluide, non traumatique pour le corps (hormis au contact de ce dernier avec la selle). Un mouvement bénéfique même, pour le corps et l'esprit, qui permet le déplacement serein du voyageur vers des contrées plus ou moins lointaines.
Partis légers, un seul bouquin en version pocket nous a accompagné sur ce périple, "Marcher en pleine conscience" de Thich Nhat Hanh. Et de fait, nous avons ROULER en pleine conscience ! A ne plus se souvenir le soir même de ce que nous avions vécu quelques heures plus tôt sur nos bicyclettes : les paysages merveilleux traversés, les baignades improvisées à chaque cascade rencontrée, toutes les rencontres éphémères et les petits plats dévorés... Une amnésie asymptomatique liée au pouvoir du moment présent. Les galères et les moments plus durs de la journée n'en font pas exception. Ils sont vécus pleinement et font partis de l'équation. Libre à nous dans ces moments-là de focaliser notre esprit sur l'essentiel, le moment présent : un tour de pédale n'est qu'un tour de pédale...
Pour être honnête, je crois qu'on continuait à pédaler pendant la nuit... Dans nos rêves, nos cerveaux au repos, au plus profond de nos cellules endormies, le cycle infernal du pédalage continuait de nous faire avancer, progresser, grandir en quelque sorte. On se l'avouait au réveil avec un sourire complice, et très vite naissait en nous une envie partagée de se remettre en selle.
Et ainsi les 6 étapes se sont succédées. Impossible ici de les résumer. Mais les notions de plaisir et d'émerveillement ne nous auront jamais vraiment quitté. Ainsi que notre regard naïf de découverte et notre envie de liberté. On sait aujourd'hui qu'en étant attentif à leurs besoins, nos corps sont capables de nous emmener très loin. Une autre chose est certaine après ce nouveau voyage à vélo et ces 6 jours d'ascension : nous repartirons dès que possible pour recommencer ! Sur d'autres routes, par d'autres sentiers, car il y a tellement de chemins qu'on a pas encore emprunté...
Et toi alors ? Vous vous êtes régalés ? racontez-nous un peu !
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Geo : Pouaaa quelle claque, tes mots sont bien posés et en disent long sur le bonheur que procurent ces aventures, et je ne te parle pas de tes yeux qui pétillent... De mon côté je ne te cache pas mon léger remord, je jalousais la simplicité de votre préparation au départ. Partir au long court au départ de la maison c'est un luxe. De notre côté, notre programme de l'Ascension nous obligeait à parcourir 500km de voiture en direction des Hautes-Alpes et du barrage de Serre-Ponçon !
Je t'avoue qu'une fois arrivés sur place et le camps de base installé pour les 4 prochains jours tout le monde s'est détendu et à commencé à prendre ses marques, bébé Simone comprise. Au programme de l'Ascension le raid des Chemins du Soleil, comme l'an passé, cet événement est l'occasion de se retrouver avec les potes autour de notre passion pour le VTT.
J'en profite aussi pour faire un gros clin d'œil à Laura qui a pris soin de Simone durant ces quatre jours et qui contrairement aux autres déserteuses n'a pas commencé sa préparation durant ce week end... J'avoue avoir eu un doute sur le bien fondé d'avoir embarqué toute la petite famille dans ce long périple. Certes, le camps de base au camping d'Embrun au bord du plan d'eau était plutôt confortable. Mais c'était aussi nos premières nuits en tente avec Simone 8 mois et passionnée par tout ce qui est nouveau, peut s'attraper et faire du bruit ! Bref le début de nuit dans la tente avec matelas synthétique, duvet, papa, maman, et la chienne... C'était épique !
Au menu de ces Chemins du Soleil 2025, le tour du lac de Serre-Ponçon réparti sur trois grosses journées, pour un total de 210km de VTT et 8600m de dénivelé positif ! Le pari des organisateurs est de changer chaque année l'itinéraire du tout au tout. L'an passé au nous avions eu droit à des départs en étoile autour de Veynes. Alors que cette année nous sommes partis de la station de Risoul, pour faire une nuit étape à Embrun puis à Rousset au sud du barrage. La motivation principale des organisateurs étant de promouvoir l'identité VTT du territoire (et pas de gagner de l'argent) le prix des inscriptions reste contenu au regard de la prestation (3 petits déjeuners, 4 diners, 3 ravitaillements par jour, emplacement tente 3 nuitées, accès sanitaires et douches du camping.. ). Et je t'épargne de la qualité des repas servis au petit déjeuner et lors des diners. Kit vaisselle obligatoire pour éviter la montagne de déchets, option végétarienne systématique, plateau copieux pour fournir les calories nécessaires au corps (et surtout à l'esprit), bref du très grand service de restauration itinérant que je ne peux que saluer chaque année.
Balader autour du lac de Serre-Ponçon offre des cartes postales tout au long de la trace avec comme marqueur les sommets enneigés sur les hauteurs et l'eau turquoise du lac en contre bas. L'objectif de boucler le tour en 3 jours a obligé l'organisation à nous faire perdre quelque centaines de mètres de dénivelé négatif sur piste ! Mais pas de souci, la piste à bloc c'est vraiment bon. Le terrain a aussi offert quelques bons chantiers, je pense notamment à l'après-midi du J1 et son ascension de 1000 mètres de dénivelé avec des passages à plus de 20% ! Pour ne rien te cacher certaines descentes étaient vraiment vraiment pépites, le terrain de jeu est moins cassant que ce que nous avons l'habitude de rouler sur les traces de la Garoutade, j'ai donc pu apprécier mon SimpleTrack acier sur des sentiers plus ludiques et moins caillouteux.
Bref, sacré week end que nous propose ce raid des chemins du soleil d'autant plus que chaque année notre table s'agrandit pour partager de bons moments en dehors du vélo !
Parution : 12/06/2025