Born To Ride 2019, la magie de l'imprévu !

Born To Ride 2019, la magie de l'imprévu !

Mais où est donc passé ce p*#@$n de gant ! 1 H du matin, déjà presque 80 km de parcourus sur les 1 215 km au menu de cette BTR, le groupe repart et je reste planté là à fouiller les buissons à la recherche de mon gant que ce satané vent a fait disparaître pendant que je me soulageais. La météo des montagnes s’annonce capricieuse pour les jours à venir donc hors de question d’abandonner le précieux. Quand je le retrouve, le petit peloton où je m’étais mis bien au chaud est déjà loin. C’était écrit, je roulerais la BTR seul. La suite me donnera tord.

Les choses avaient commencé de manière un peu étrange. La BTR 2019 imaginée par Chillkoot est un raid longue distance en vélo de route, s’étirant du Nord au Sud à travers les montagnes en France, Suisse et Italie. 4 Check Points obligatoires à valider dans des temps impartis, le reste de la route est libre, à tracer selon ses envies. Pas de classement, ce n’est pas une course.

289 participants se pressent au départ dans la citadelle de Montmédy ce vendredi soir de Juin, l’engouement pour ce type d’aventure à vélo est réel. Il me font penser à des soldats de la grande guerre attendant de monter au front. Et c’est bien une forme de boucherie qui nous attend. Nous serons moins de 30 à rallier l’arrivée à Ramatuelle en ayant validé au moins 3 CP sur les 4. La météo va mettre en débâcle cette grande armée de gilets jaunes, bouleverser tous les plans établis.

1561110859.photo.syl.png

Ca tombe bien car je n’avais pas vraiment de plan “de bataille”. Inscrit presqu’à la dernière minute sur cette BTR je n’attend que des choses simples: en prendre plein les yeux niveau paysages, faire des rencontres car l’humain vélocipèdiste m’intéresse avant tout et repousser mes limites physiques et mentales pour apprendre à mieux me connaître. Je vais être servis ! 

Le maître mot de cette BTR sera “résilience”. Accepter le vent, la pluie incessante, le froid, les fermetures de col, les coulées de boue et autres tracasseries qui vont dès le deuxième jour décider Luc l’organisateur à fermer les CP et engager tout le monde à rallier directement l’arrivée à Ramatuelle. Le truc, c’est que je n’aime pas “lâcher l’affaire”. Je suis venu pour faire du vélo, la pluie et le vent font partie du jeu. Ça tombe bien, François (aka Mr Classic Challenge), retrouvé au petit matin du premier jour au coin d’une boulangerie, est aussi de cet avis. Notre duo est constitué, la magie de la BTR peut opérer.

Nous pédalons comme dans un jeu.  On re-mape quasi en live pour aller chercher les CP. On se rajoute 50 km à droite, 100 km à gauche. On braque un Mc Do "façon Puiseux” pour se refaire la cerise avant de ré-attaquer dans la nuit pluvieuse. François crie de joie en apercevant l’enseigne lumineuse d’un hôtel Ibis alors qu’on touchait le fond. Après la descente du Mont Cenis sous un déluge et un brouillard à couper au couteau, au détour d’une rue italienne de Souza, on tombe dans les bras des petits gars du PCR Gravier qui venaient de vivre la même épreuve. On se congratule et attaquons ensemble une pizzeria. Le lendemain aux premières lueurs de l’aube, nous irons chercher tout sourire en escouade le CP3. Ces moments la ne se prévoient pas, ne se calculent pas. Ils sont “l’aventure” ! Impossible de prédire ce qui arrivera dans 2 heures, mais nous en avons la certitude, l’expérience sera enrichissante.

1561110581.bouffe.png

Jamais nous ne nous sommes mis en danger, nous étions bien équipés et le matériel a su se faire oublier par sa fiabilité et efficacité pour nous laisser nous concentrer sur notre avancée. Seul le CP4 nous échappe mais sans aucun regret. Nous sommes arrivés trop tard en fin de journée au pied de Guillestre avec une météo défavorable. Pour le coup, grimper vers Château Queyras aurait pu nous mettre dans une situation compliquée !

1 300 km et 14 200 m D+ parcourus au total en 5 jours pour une aventure qui restera un très bon souvenir. Je pense que cette BTR a repositionné les choses sur l’échelle des valeurs et efforts que demande la longue distance à vélo. Si la météo avait été clémente il en aurait été de même tant le parcours initial était difficile avec ses 21 000 m de D+.
Avec François nous avons appliqué les règles de base : un bon repas et une bière avant chaque moment qui s’annonce difficile, Booking.com est ton ami le soir venu, ne jamais croire les conseils de navigation de Garmin, si tu ne roules pas au moins une fois sur une double voie ce n’est pas une vraie BTR !

Je maudis dans le désordre : le culte des suisses pour la voiture et leur obéissance aveugle à l’ordre établi, le col du Mont Sion surplombant Annecy, les voyages en TGV, mettre 4 jours d’affilés le même cuissard, les embouteillages de la Côte d'Azur, le prix des tongs au Go-Sport de Sainte-Maxime.

Je bénis : l'Italie (sa nourriture, la gentillesse des gens et leurs looks stylés), les boulangeries du petit matin, le Mc Do (je ne pensais jamais écrire cela), la montagne et ses paysages sauvages, ma veste de pluie, mes freins à disques. Je remercie Luc Royer d’imaginer de telles aventures propices à toutes ces rencontres et j’espère bien revoir certains plus souvent que tous les 3 ans.

 

>> Le bike-check de mon fidèle coursier pour cette BTR

Texte - Sylvain RENOUF

Photos - Sylvain R. et Bernard Chatellard

 

 

Parution : 20/06/2019