Plus fort qu'Hannibal
Quand Serge Barnel vous invite à partager un all-road-trip entre la France et l’ Italie, on n'y réfléchit pas à 2 fois.
Le bonhomme est inclassable... volubile, érudit, aussi imbu que moi et tout comme le vélocipède : allemand de naissance.
C'est pas Sergio sur la photo mais Maurice Maître au Parpaillon en 1930.
Une percée de 220km pour 6750m de dénivelé à travers les Alpes
Le départ se fait de Gap, le long d’un canal, non sans encombre puisque j’ai encore dans la poche les clés du Cam d’assistance.
Quelques noms d’oiseaux plus tard, nous terminons cet échauffement par un superbe sentier technique en balcon avec portage, roulage, poussage.
Le but de la journée est de profiter de la vue panoramique sur le magnifique lac de Serre Ponçon avant de toucher son eau turquoise une bière à la main.
Nous passerons devant une future friche touristique, dommage collatéral du réchauffement climatique, tout en discutant de la polyvalence du gravel et des dégâts que pourrait produire le marketing des grosses marques sur cette discipline qu’on appelait autrefois le cyclo-muletier.
La fin de la journée sera plus compliquée : passé le choc émotionnel du tourisme balnéaire d’Embrun, il s’agit de monter à Crevoux 900m plus haut.
Autant le dire tout de suite, j’ai pas eu le KOM mais j’ai pris un coup de chaud après avoir dû sortir de ma roue un VAE bridé à 25km/h. Nous nous posons au fond de La chalp, le Cam Caminade garé le long du torrent...
Le lendemain sera une journée historique, d’abord parce qu’il s’agit de passer le tunnel du Parpaillon : 400m de long à 2640m d’altitude… ensuite parce que Sergio et moi allons détricoter l’histoire du VTT des soit disant pionniers Américains à la délocalisation de la fabrication des cadres en Asie.
La montée mythique, aussi pour les motos et les 4x4, va passer comme une lettre à la poste.
La sortie du tunnel avec en ligne de mire la frontière continentale entre l’Europe et l’Afrique restera un moment inoubliable tout comme la descente où tu comprends qu’en Gravel le mot confort est important.
Sergio en profitera pour commander son nouveau Caminade Titane.
La piste c’est bien, mais monter le col de Larche vent dans le dos sur la plaque c’est mieux… oui, j’ai qu’un plateau et alors !
Une pose #tartebièresiesteauborddulac plus tard me voilà prêt à affronter la longue descente d’Argentera à Demonte.
A Demonte, Sergio, 65 ans, bancal comme John Wayne, enlève son casque et sort son peigne pour réorganiser sa barbe en forme de guidon de gravel retourné : le gars a toujours été tendance.
Le Val d’Arma est un coin magnifique, sauvage, pentu et desservi par une route étroite débouchant à 2400m sur une ancienne piste militaire suivant la courbe de niveau : le graal du graveleux.
C’est dans ce paysage que nous réaliserons le 3ème jour le tour de la Meja et après avoir bu une bière dans une auberge où la vache locale est la plus diplômée de la vallée, sa fantastique descente étroite, sinueuse et mouillée vers Marmora.
Sergio a 20 ans de plus que moi, mais aussi 20 kilos de plus autant dire que j’ai du rentrer les oreilles.
Je ne sais toujours pas à quoi sert le réservoir à l'arrière de ce magnifique exemplaire de #allroad italien !!!
... le mien a aussi des tubes italiens.
Texte et Photos - Brice EPAILLY
Si vous voulez voir les photos sans le texte c'est ici
Parution : 21/07/2017