Mika le soudeur qui soude
Il y a 15 jours, l'envie nous prend de mettre le SimpleTRack entre les banderoles de l'Aneduro Catalan pour faire la blague. Brice pond une géométrie Enduro, je me pose devant les fraiseuses et le poste à souder. Accouchement de la bête avec la couleur qui pète ! Maintenant le plus dur... il faut re-rouler avec des gros pneus à crampons après une longue période gravel et vélotaf. Au début je tourne carré en courbe, je perd trop de vitesse, je me voie, je me traîne. Mais au bout de 3h de ride les réflexes reviennent vite, le vélo va super bien et il me tombe entre les mains. Merci Brice. Pendant ces 15 jours de prépa, c'est que du bonheur. Je roule vite avec ce vélo rigide aux roues me rappelant la moto. Avec 29x2.35 devant et 27.5x2.8 derrière, je n'ai plus aucun complexe d'infériorité face au tout-suspendu. Au contraire, j'ai envie de grosses pentes et de défoncé tellement le vélo est joueur et précis.
Le jour J commence avec la plaque n°15 et un gros coup de chaleur au breefing, quand j'entends casque intégral obligatoire alors que 2 jours avant le bol était autorisé ! Retour sur leur décision, je peux donc partir . 7h30, première montée en liaison face à un lever de soleil magnifique et une nature qui se réveille. Je pense tout haut " Quelle splendeur ! ". Retour à la réalité, on s'agglutine en haut d'une colline comme un troupeau de moutons en attendant que le berger décide de nous lâcher. Quand je vois tous ces gros vélos je me demande ce que je fais là ! On appelle les VAE et je ne peux m'empêcher de penser à haute voix : " Mais pourquoi sommes nous autant excessifs dans nos pratiques. A force de toujours plus, on perdra tout ! Nos plaisirs à court terme coûteront cher au vivant à long terme. Alors responsabilisons nous. Le plaisir peut aussi se trouver dans l'effort et le minimalisme." Comme mon endurigide en fait.
Et c'est parti ! me voilà devant une cellule. Je pars et me sens pris par la chrono, je fonce avec une envie d'en découdre et un mental de guerrier, mais je ne suis plus moi même, je me perds! Je tape dans les obstacles en pensant à chaque grain de sable du sablier. Je suis dur dans mon pilotage et je souffre de chaque relance et des parties physiques de la spéciale. Arrivée en bas tout s'arrête, mais je n'ai plus de souffle et me demande ce que je fous là ? zéro plaisir ! La liaison me permet de méditer sur ce qui vient de se passer et de nouveau le " pourquoi". Pourquoi me faire autant mal, pourquoi ne plus vivre la joie d'une descente loisir. Prise de conscience, rien à foutre du chrono ! Je veux pas être le meilleur, je veux être moi : Joie et pas souffrance à courir après une chimère.
Tout le reste de la course fût joie. J'ai décontracté mon pilotage et ma monture me l'a rendu. C'est devenue une danse où ce vélo magique était à la hauteur de mon état d'esprit : la pensée influe la matière. Le cadre acier s'est mis à vivre et à donner son potentiel. J'allais me chercher des appels en dehors des traces, juste pour le fun. Les gros pétards de pédalage (et il y en avait beaucoup) se sont fait en respectant mon cardio de navet et tout c'est bien passé avec le smile.
Au final, que du bon, avec un vélo qui a du sens : minimaliste dans sa conception et son impact environnemental mais maximaliste dans son spectre d'utilisation et la banane qu'il procure. Merci à la bande Caminade et à mes mains qui ont soudé ce vélo avec lequel, finalement, je n'ai pas été ridicule.
Texte - MikaTheWelder
Photos - Evelyne & Boris
Parution : 05/11/2018