Le vélo du cadreur #2

Il y a déjà une dizaine d’années, on s’amusait à monter les premières transmissions mono plateau de VTT et des freins à disque sur des cadres de CycloCross acier pour en faire des gravels. A l'arrivée du premier groupe officiel " one-by " de chez SRAM, le CX1, je me suis fait un cadre un peu plus spécifique. Mais trop d'années en mode rats, l'acier à nu, sans peinture ont eu raison des bases. Il était temps de passer au titane.

Qui n’a jamais rêvé de rouler en titane : plus léger, plus confortable, surtout il ne rouille pas... le rats idéal pour franchir le pas.

Pour moi, il y a trois sortes de sur mesure :

• la morphologie : le sujet où Brice excelle, mais la mienne était déjà connue,
• la pratique : on ne fait pas un vtt comme on ferait un vélo de route,
• et bien sûr l’esthétique : sujet certes très subjectif, mais à mes yeux aussi important voire plus que le reste...

Erwan

J’ai choisi de me faire un cadre moins sloping avec de l'overlap, sachant pertinemment que je perdrais en rendement, mais à mon niveau de performance, c'est pas vraiment important. Pour la partie atelier, je voulais rester sobre, élancé, élégant, tout en apportant des petites touches de personnalisation : comme la bi-ovalisation du top tube, le cintrage des bases ou le double pontet des haubans.

Pour la finition, ce sera brossé, pour se rapprocher des cadres chromés qui me faisaient rêver gamin, et mettre en valeur cette couleur si particulière qu’a le titane... gris mais pas trop :

• clair brillant c'est brossé
• foncé mat c'est brillant.

Bon, l'opération de brossage à la main est beaucoup beaucoup plus longue qu'un microbillage en cabine à manche.

Pour le montage je me suis amusé à usiner une bague basse de jeu de direction ChrisKing pour monter une fourche Columbus 1"1/4. J’ai aussi fait les rondelles du pédalier TA et les embout de guidon en alu recyclé. Suffit de récupérer les copeaux d'aluminium, les faire fondre dans un four de trempe ( celui de notre coutellerie ), de le mouler dans un petit vase cylindrique en céramique et d'usiner sur place. Ce genre de petit détail, n'est sans doute pas faisable ( chiffrable ) mais rend la fabrication nos montures persos si excitante.

Pour les composants, à l’époque tout était encore dispo, mais j’ai préféré taper dans mon stock, ma collection. Le tube de selle a été récupéré de mon cargo, le guidon ( de route ) de mon ancien gravel et pour matcher j'ai acheté une potence Thomson d'occasion sur Le Bon Coin. C’est aussi ça le sur mesure. Maintenant malgré les problèmes d’approvisionnement, on a essayé de garder un maximum de choix d’équipements :

• boîte Pignon ou dérailleur Ekar,
• guidon H-bar ou plus classique

On a ce pouvoir qu’ont les petites boîtes, d’être très flexibles et passionnées, ce qui nous permet de combler un maximum de vos attentes. Je soude d'ailleurs de plus en plus de cadres seuls pour les passionnés du montage en garage, qui achètent de leur côté un à un tous les éléments du vélo avant de passer commande. En parlant de flexibilité, après le vélo stable à 3 roues, Quentin m'a fait faire un VAE pliable, mais d'autres projets très particuliers sont dans les tiroirs, et si la passion et l’envie d’en parler vous titille, passez boire une bière un jeudi soir, c’est toujours un grand plaisir de partager.