Le vélo au centre de la transition énergétique
Il y a un an, Agathe et Gabriel organisaient une des premières soirées à la Fabrica sur le thème de la fresque du climat. Un atelier collaboratif basé sur les travaux scientifiques du GIEC, afin de comprendre collectivement les enjeux du changement climatique. Deux idées étaient ressorties de ce petit jeu entre amis : notre mode de vie d’occidentaux émet trop de CO², le nucléaire nous permettra d’éviter le pire. L’idée de décroissance était survolée, car elle nous mettait trop face à nos contradictions de consommateurs.
Brice EPAILLY
Le problème c’est que certains voient dans le nucléaire la survie de la voiture individuelle et pire, de l’avion “ électrique “ dont personne ne sait encore s’il sera le nouveau Concorde ou un taxi volant... mais dans les 2 cas, il n’y aura de toutes façons que peu d’élus pour l’utiliser.
En 2019 l’émission mondiale de CO² a été de 34 milliards de tonnes soit une moyenne de 4 tonnes par habitant. En France notre moyenne par habitant est de 11 tonnes ( en comptant les 5 tonnes qu'on fait émettre par la Chine pour fabriquer la plupart de nos produits ). Il s’agit bien là d’une moyenne : prendre l’avion régulièrement, un gros SUV le reste du temps, manger plus de viande que de légumes entre 2 achats compulsifs va faire de vous un premier de la classe en vous rapprochant de 20. Pour éviter le réchauffement climatique, le rapport du GIEC, nous préconise 2 tonnes par personne... en Inde, ils sont encore en dessous, mais rêvent d'une chose : vivre comme nous et aussi longtemps que nous. Mais pour cela, ils n'ont que des centrales à charbon, qui avec le pétrole et le gaz sont à l'origine des émissions de CO² qui déjà transforment notre planète. Mais c'est quoi le CO² ?
Un gaz déjà présent dans l’atmosphère, mais qui en trop grande quantité engendre l’effet de serre, spirale de la mort du réchauffement climatique et de ces évènements brutaux de plus en plus fréquents. Pour ceux qui auraient besoin d’un dessin, l’atmosphère, notre lieu de vie, est cette fine couche entre la terre et le vide sidéral. Tony SEVEN, notre DAMASIO catalan, fait remarquer dans son essai “ Le salaire de la terre “ que si nous pouvions marcher en ligne droite vers le ciel sans effet d’apesanteur, nous mettrions 1 heure avant de sortir de cette zone respirable. Il ajoute à cela qu’en se partageant toute la surface de la terre équitablement, chaque être humain ne se retrouverait qu’à 130 mètres de son voisin. On se rend mieux compte de notre volume de survie.
Dans ce havre de tranquillité, deux autres choses devraient aussi être comptées, même rationnées : l’énergie et l’eau. SEVEN propose d’ailleurs dans son premier roman d’anticipation " La deuxième Maison, la première brûle et nous regardons ailleurs " une méthode innovante de valorisation des biens et des services à l'aide de deux monnaies distinctes, étanches l'une par rapport à l'autre :
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Le HARD valorise la partie impactant l’environnement, depuis l'extraction des matières premières, jusqu'à la mise à disposition du produit, en passant par toutes les étapes intermédiaires, transport compris.
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Le SOFT valorise la partie neutre environnementale qui répond à un équilibre offre-demande telles que le travail manuel, le travail intellectuel, la créativité.
Ce système monétaire, et par là même économique, qui permettrait à l'humanité de se réinscrire dans les limites planétaires, SEVEN le développe, chiffres à l’appui, en un revenu minimum en eau et en énergie pour une frugalité heureuse, ou comme le disait Yvan ILLICH une société conviviale.
Ces 2 auteurs font d’ailleurs le même calcul sur le bénéfice/risque ( des mots à la mode en période de COVID ) de la vitesse de déplacement offerte par les énergies fossiles : la notion de vitesse généralisée des transports qui tient compte non seulement du temps de déplacement mais aussi du temps de travail nécessaire à payer le déplacement.
Les flots de pétrole ont permis l’expansion de la voiture, symbole de réussite et d’autonomie, aidée par les pouvoirs publics ( nous ) qui en ont payé les infrastructures et leur dérive, les gros centres commerciaux en périphérie obligeant l’accès en voiture...
Et si nous retrouvions la vie urbaine de proximité en quittant la mobilité subie pour une mobilité choisie...
SEVEN nous apprend aussi que notre consommation énergétique équivaut à posséder 100 esclaves à notre service permanent, à la façon d’un Romain antique adepte de la théorie du ruissellement par coup de fouet. Certes, une partie de ces esclaves s'évapore sous forme de fumées d’hydrocarbures, mais le reste existe vraiment : loin des yeux, loin du cœur. On est toujours le con ( l’esclave ) d’un autre, me direz-vous.
Notre éducation a fait de nous des consommateurs incapables de stopper la machine infernale. Pire, pour ne pas penser, on accélère de plus en plus. Chaque pause est pour l'instant dépressive, espérons qu’un jour elle soit décroissante. Alors est-ce le moment d’assumer que pour être heureux nous devons faire du mal à nos contemporains et hypothéquer la terre de nos descendants...?
ou voulons nous être acteurs du changement ? Des consom’acteurs !
Tony SEVEN* nous propose d'échanger le 10 novembre à 19h sur notre vision du monde que nous allons laisser aux générations futures. Il ne manquera pas de nous parler de ses écrits inspirants. Une séance de dédicace est prévue à l'issue de l'échange. Et pas de panique le bar sera ouvert, ainsi que la CoCantine.
* Tony Seven est ingénieur diplômé de l'école Centrale de Paris. Très sensible aux problématiques environnementales, il s'est retiré du tumulte de l'industrie pour venir vivre dans les Pyrénées Orientales.
Parution : 31/10/2021