Le journal des cons finis - Semaine #6

Que le virus sorte d’un pangolin mort ou du trou du cul d’une chauve souris, j’en ai rien à foutre.

Que l'état renfloue AirFrance et rouvre les McDo avant la fin du confinement, j’en ai rien à foutre. 

Mais voir la paille dans l’œil du voisin et ne pas voir la poutre dans le sien, ça me fait chier !

Brice EPAILLY

https://www.youtube.com/watch?v=hPpdJEMRGwE

Spéculation

Lundi dernier le brut américain a perdu près de 300% dans la soirée : de 18,27 dollars en début de séance à -37,63 dollars le soir. Pour être plus clair, les détenteurs de brut américain ont payé 37,63 dollars pour donner un baril de 159 litres de pétrole au premier venu. On avait déjà entendu dire que l’état français empruntait de l’argent à taux négatif car les financiers chargés de faire “travailler le capital” préféraient perdre peu que perdre tout,  mais là, les spéculateurs sont bien en train de tout perdre. Un spéculateur c’est quelqu’un qui achète un truc et attend que le prix monte pour le vendre. Un peu comme un vendeur de home-traineur en période de confinement ou un vendeur d’eau en Australie. C’est le jeu de l’offre et la demande ma pauvre Lucette. Mais là, il n’y a plus de demande. Nous consommons moins, la décroissance forcée s’est mise en route. Les spéculateurs vont morfler, tout comme les métiers inutiles, futiles, sans vraie valeur ajoutée....et ce qui est bien c’est que le tri se fera naturellement, dans le respect de la théorie de Darwin : se réinventer ou mourir. Le capitalisme a laissé trop de place à une économie cryptée en resserrant l’étau de l’économie réelle. Les rémunérations rentières qui alimentent la spéculation sont la gangrène de notre économie. On ne peut pas gagner d’argent sans œuvrer pour la communauté : sauf les parasites bien sûr. Heureusement pendant que certains essayent de sauver les meubles en attendant de déverser le pétrole dans la mer plutôt que de fermer le robinet, les altruistes font leur coming-out. 

Altruisme

Dès le début de la pénurie des “barrières” de protection à la contamination au covid-19, je me suis rendu compte que certaines personnes autour de moi pensaient aux autres. Elles ont utilisé leur temps, leur savoir faire et leurs outils pour fabriquer des parois de comptoir, des visières translucides, des masque en tissu… souvent mis à disposition gratuitement. Pendant que certaines entreprises se demandaient comment profiter de la sortie de crise pour croître ou comment profiter du chômage partiel pour éviter d'amputer le bénéfice, ces petites gens ont d'eux même fait ce qu’ils trouvaient juste. Ce qu’ils pouvaient faire à leur niveau pour aplatir la courbe. L’employé de bureau en télétravail en a profité pour faire fonctionner son imprimante 3D. Le cycliste pro à fait des livraisons à domicile pour garder la forme. Certaines personnes qui ne donnaient pas de sens à leur vie dans leur quotidien métro-boulot-dodo, ont sauté sur l’occasion du covid pour œuvrer : la passion au service du besoin. 

Besoin

Nous avons tous des besoins, mais souvent nous devons nous appuyer sur d’autres pour y répondre. C’est ce que nous faisons chez Caminade. Depuis peu je suis passé “vendeur”. Pourtant je serais bien incapable de vendre un produit inutile dans un boutique remplie jusqu’à la gueule. Mais je suis à ma place quand il s’agit de guider le client pour répondre à ses besoins en partant d’un feuille blanche : co-construire avec eux un vélo qui n’existe que dans leur tête. Car il est bien là le problème, notre système capitaliste extractiviste fait tourner les usines à plein régime et spécule sur nos besoins à grands coups de publicité ou de soldes en dernier recours dans le seul but du profit à court terme et au mépris des conséquences. Les objets sont déjà là et nous travaillons pour combler notre désir de tous les posséder. Mais est-ce cela la recette du bonheur ? Regardons autours de nous, les gens heureux sont d’abord et avant tout des passionnés de ce qu’il font. Des gens dont leur métier est en accord avec leur pensée. Pas des gens qui disent “ le monde doit changer, mais moi j’ai pas le temps de m’en occuper, je bosse”. Nous devons réduire notre dépendance à l’argent et pour cela il nous faut :

  1. récupérer du temps : le Covid-19 nous y aide en ce moment.
  2. se demander ce que l’on a vraiment envie de faire par passion, par talent, par besoin.
  3. le faire, au début progressivement pour en sentir les bienfaits, puis définitivement.

Parution : 25/04/2020