Le journal des cons finis - Semaine #3
Mes flows de pensées incessants depuis le début du confinement ont fini par me faire avancer. La lecture de textes inspirants, les discussions quotidiennes avec mes proches, les échanges à haute intensité avec d'autres, et la durée de confinement m'ont poussé dans mes retranchements.
Changeons nous, nous-même avant de vouloir changer le monde
Saisir sa responsabilité : le message de Maxime était clair. Chacun de nous est partie prenante de ce grand jeu qu'est la vie. Je vais même plus loin, l'ensemble du vivant a son importance dans le parfait équilibre de chaque seconde de la vie. L'Homme a souvent pour habitude de décrier la société comme coupable idéal. Tout le monde se cache derrière ce terme générique qui désigne tout le monde et personne à la fois. Le coupable parfait : celui de l'irresponsabilité. Et quand bien même nous arrivons à pointer du doigt avec aigreur un coupable où est-ce-que cela nous mènera ? L'aigreur est un symptôme, on ne soigne pas un symptôme. En revanche on peut le laisser parler jusqu'à la cause réelle. On se pose les 5 pourquoi afin de remonter jusqu'à la source. Et c'est dans cette source même qu'on résoudra tous les maux de ce monde à condition de commencer par les siens.
Il est tellement plus facile de parler des problèmes des autres, le miroir de l'âme est souvent douloureux pour l'ego que nous avons construit le temps d'une vie. Mais c'est de notre devoir d'y aller, de foncer vers nos peurs. Acceptons de partager à nos proches nos doutes et nos états d'âmes. De cette phase d'acceptation il en ressortira des pistes, de multiples chemins. L'important n'est pas de choisir le bon. L'important est dans prendre un. De commencer son cami, le Cami-bonheur...
L'important est de démarrer le moteur.
Pour cerner le message que je voulais faire passer au milieu de mon brouillard de pensées, je me suis servi de simples bûches.
Remplaçons notre cerveau par le pas de notre porte, remplaçons nos pensées par des bûches de bois. Réfléchir est productif, ça crée de la matière. En l'occurrence ici du bois, et nous avons besoin de bois pour passer l'hiver alors produisons des pensées. Peu importe leurs origines et leurs directions comme on dit : la diversité créée la richesse. Les bûches continuent de s'accumuler devant le pas de la porte en s'entremêlant n'importe comment, c'est ça la diversité. C'est le désordre d'Einstein. Sauf qu'à trop vouloir philosopher, on se retrouve au pied d'un tas de bûches immuable. Si tu accumules trop de bois devant ta porte, tu finiras par abandonner le rangement, alors mieux vaut commencer par prendre une bûche fermement avec tes deux mains et la ranger là où elle ne gênera personne. Peu importe si tu commences par le dessus, le dessous, le devant ou le derrière.
En définitive, l'important est de commencer. Peu importe là où nous en sommes, il n'y a ni phase, ni pré requis. Notre chemin nous appartient. Nous avons tous une vision globale du monde idéal de demain, chacun défend son but. La diversité est à embrasser, chacun de ces buts sont discutables. Ils peuvent faire l'objet d'interminables débats. Et même à l'intérieur de notre mental, les réflexions sont multiples. Mais à "m'ent donné", il faut se rappeler qu'avant de savoir marcher nous avons, instinctivement, dû nous concentrer sur notre premier pas.
Cette période est l'occasion de commencer à marcher. De devenir des "œuvriers", de faire de notre travail une œuvre et donc par extension de faire de notre vie une œuvre d'art (à l'instar du quotidien métro boulot dodo autrement appelé par Gael Faye "Le Chemin de Croix".)[1]
Nous bâtissons nos vies pour être reconnus dans notre imaginaire collectif. Le paradigme du forçage [2], ou l'art de sacrifier une vie entière en se tuant à la tâche au nom d'une rationalité économique contrôlée par une poignée de personnes.
Non, ne sacrifions rien. L'économie n'est pas une fin mais un moyen. Pour preuve, la rationalité sanitaire lui déchausse les dents, et demain ça sera certainement la rationalité environnementale. Abandonnons les plans de carrière de nos parents et de nos mentors. Écoutons nous, pour une fois.
En rentrant, vivant et sortant de ma déconstruction de début de confinement, j'ai trouvé des réponses à mes questions. Je n'en suis pas sorti avec toutes les réponses. Je n'en suis pas ressorti sans symptômes. Mais j'en suis ressorti en progressant par rapport à ma vie précédant le Covid. J'ai encore plus de temps pour ce travail intérieur. C'est un pas que j'ai franchi.
Alors certes, je me ré inscris dans un chemin de croix caminadien à produire des vélos avec des composants pour partie asiatiques (pour ne pas citer Sram), mais précisément ce "Cami" est tout sauf un chemin de croix ! Pourquoi ? Parce que c'est lui qui m'inscrit, à l'instant présent, dans un cercle vertueux pour m'apprendre à déconstruire l'imaginaire imposé à notre société.
Demain nous déménagerons à la Fabrica, l'espace ouvrira les possibles dont la mise en place d'une recyclerie. Qui nous dit que nous ne fabriquerons pas plus que des vélos en utilisant la matière première disponible dans le garage de nos grand parents. La mondialisation pourra alors tousser, nos approvisionnements seront locaux, maitrisés et nous pourrons fournir à la population des vélos performants grâce à notre savoir faire.
[1]Gael FAYE. QWERTY [vidéo en ligne]. 12/02/2020 [Consulté le 6/04/2020]. Disponibilité et accès
[2]Quentin HARDY. Un saut de l'ange existentiel et politique [en ligne]. 31/03/2020, [Consulté le 6/04/2020]. Disponibilité et accès
Parution : 05/04/2020