Le journal des cons finis - Semaine #1

Le journal des cons finis - Semaine #1

Je crois qu'on a pas tout à fait réalisé ce qui arrivait ou plutôt nous arrive. Après une minimisation du risque sanitaire, assumée par la bureaucratie gouvernementale en laissant libre cours aux élections municipales dimanche dernier, nous voilà en "confinement". Les livreurs continuent de livrer, les caissières continuer d'encaisser, et les maçons continuent de construire ! Tu parles d'un confinement des classes ... Bref c'est le foin. 

 

Les CSP ont le droit d'être confinées en télétravail à enchaîner des conf/call pour savoir si oui ou non ils obligent les productifs à bosser, ravitaillés qu'ils sont par les coursiers à vélo... mais les maçons sont les premiers à se rebeller car ils sont le plus souvent indépendants. C'est pas évident de se rebeller. Moi même, lundi j'étais sur Lyon pour livrer le premier prototype d'un vélo dont le système moteur-transmission pourrait révolutionner l'utilisation du vélo au quotidien. J'hésitais entre accélérer la chute du règne de l'automobile ou réfléchir au changement de paradigme qui nous attend. Puisqu'il faut bien le dire, cette crise sanitaire va se transformer en crise sociétale.

Brice EPAILLY

Une chose est sûre, une grande partie de la population est en train d'expérimenter le mode décroissance forcée. Qui n'a jamais autant économisé que cette semaine ? Qui n'a pas triplé son temps de lecture ou de jardinage ? Qui n'a pas touché sa voiture de la semaine ? Et enfin qui s'est limité dans son confort de vie ? 

Et je rajouterais, qui n'a pas réfléchi ? Nous avons pour la première fois l'opportunité de réfléchir à ce que nous voulons vraiment faire de nos vies. Passer le cap de la recherche de responsabilité qui ne sert qu'à tourner à rond, il est temps de passer à l'action. C'est ce que nous avons fait à notre niveau. Nous en avons profité pour accélérer le projet Fabrica par la création du forum de discussion dédié à la transition. Toutes les crises ont la faculté de révéler les personnes et voir émerger des idées nouvelles ( la peste noire a vu le passage du moyen âge à la renaissance ). Mais ce processus va être long : ça tombe bien nous avons à minima 3 mois devant nous. D'ailleurs Geo, ce temps tu en faits ?

Clairement, je prend mon temps. Jardiner, construction du potager d'été, préparation des semis. J'ai la chance d'avoir la montagne pour moi tout seul derrière la maison donc cueillette d'asperges, de lavandin frais, de thym et de fenouil sauvage pour préparer mes infusions. J'ai aussi le temps de finir mon incroyable lecture de la zone du dehors écrite par le boss de l'imaginaire : Alain Damasio. Ah oui, je prend aussi le temps d'essayer le Yoga sous format visio, cette pratique est tellement ressourçante. Je la mets au même niveau qu'une course à pieds revigorante. Bien que j'ai conscience de mon confinement 5 étoiles à la campagne, j'en profite pour cogiter, car je pense qu'il en va de notre responsabilité. Sur ce point, tout n'a pas été rose non plus, j'avoue avoir pas mal tourné du chapeau comme on dit...

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J'ai senti ton moral fluctuer cette semaine ! Pourtant Caminade est une entreprise qui a la chance d'avoir une trésorerie à hauteur du tiers de son Chiffre d'Affaire annuel. De quoi a tu peur ? que le troupeau continue à se jeter de la falaise ?

Même si conceptuellement et pratiquement, je m'étais préparé à vivre des changements comme celui-là en m'informant et en construisant un foyer résilient au plus proche du terrestre. Lorsque la catastrophe  arrive au bout de ton nez, c'est pas pareil. Il m'a fallut une semaine pour accepter la situation et applaudir cette phrase du collapsologue Pablo Servigné :

"Il faut faire en sorte que tous ces changements catastrophiques deviennent des opportunités de déverrouillage et de création d'horizons possibles."

Cette phrase est belle c'est certain mais elle m'a laissé devant un grand vide. Celle de devoir proposer un autre paradigme. La réflexion à une échelle nationale est complexe voire impossible... 

Plutôt que de nous focaliser sur les moutons de Panurge, c'est le moment de ne penser qu'à nous, d'être individualiste dans notre recherche du bonheur car c'est de ça qu'il s'agit. On est en train de s'apercevoir que les 1% de l'aristocratie stato financière qui décident pour nous ce qui est bien pour eux se plantent inexorablement. Nous sommes tous responsables de cette situation en suivant tête baissée la ligne blanche tracée devant nous. Cette crise va nous obliger à freiner ( ou plutôt prioriser ) notre consommation  : c'est d'ailleurs ce qui fait peur à ces connards qui nous gouvernent et qui ne jurent que par la croissance.

Je suis conscient que notre métier ne peut pas faire grand chose pour colmater les brèches de la situation actuelle. A notre niveau nous pouvons juste aider David à soutenir sa femme Nathalie qui est en première ligne. Le don de nos masques FFP2 est anecdotique au regard du problème. Mais en tant que philosophe en action nous devons concevoir et fabriquer au jour le jour notre nouvel imaginaire. L'après c'est maintenant !

Et pour nous ça sera à la Fabrica !

Parution : 20/03/2020