Le Gravel en terre catalane ou la découverte d'une pratique d'endurance au parfum de voyage

Le Gravel en terre catalane ou la découverte d'une pratique d'endurance au parfum de voyage

Le Tour du Canigou : deux jours de Gravel, 6h de vélo par jour et du dénivelé à n'en plus finir. Ça ne sonne pas comme le plan idéal pour s'initier à une nouvelle pratique... Mais quand l'équipe Caminade m'a proposé d'être de la partie, je me suis dit que c'était l'occasion de réaliser un effort long comme je les aime et de découvrir la pratique du Gravel tout en partageant une aventure au plus près de la nature.
Le récit de mon périple en terre catalane à la découverte d'une pratique d'endurance au parfum de voyage.

Agathe Triaire

Jour 1, à l’assaut du Col de Mantet

Samedi 2 octobre, 8h45, pas un nuage à l’horizon, c’est avec un doux mélange d’appréhension et d’excitation qui j’enfourche mon Gravel prêté pour l’occasion. En face de moi se dresse ce colosse, ce massif envoûtant, la montagne sacrée des catalans : le Canigó. Il ne risque pas de disparaître de mon champ de vision puisque l’objectif du périple est d’en faire le tour.

La matinée commence doucement, les villages s’enchaînent, Rigarda, Finestret, Estoher, et le pied du massif se rapproche. La troupe va bon train, malgré l’engagement masculin de ralentir le rythme pour intégrer les deux compagnes présentes. La première difficulté du terrain (pas encore répertoriée aux cols de la montagne, mais pourrait l’être à mon sens) arrive au sortir d’Estoher. Ces quelques virages à la pente manifeste jusqu’au Col del Forn marquent mes premières gouttes de sueur. Pas de quoi se démotiver, la petite troupe nous attend sagement en haut à la lueur des rayons déjà chauds du soleil. C’est l’heure de se découvrir, et de dévoiler les tatouages (#Ni Dieu ni maître).

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Un sentier en balcon, et une descente cabossée plus tard, nous sommes prêts à gravir les derniers mètres nous séparant de Fillols et de notre premier ravitaillement. C’est au Café de l’Union que nous troquons les vélos contre quelques mousses et cafés.

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Après un long repas où les frites et les gâteaux au chocolat (ah non oups, pas pour moi, Gabriel n’est pas partageur) ont rempli nos estomacs, nous repartons tot rect vers les longs lacets du Col de Mantet. Après une traversée de Vernet-les-bains et Sahorre, c’est à Py que les festivités commencent. La pente s’intensifie, le groupe s’émiette et s’étiole le long des virages de bitume. Je n’ai que le Col en tête, je m’enferme dans ma bulle, et n’écoute plus les blagues franchement pas drôles de Geoffrey. Dans ma tête, je compte les coups de pédales, 1..2..3..548..549. Note à moi-même : développer la puissance de mes cuisses. Les entrainements des semaines précédentes, à crapahuter dans la vallée du Boulès ou à utiliser le prétexte du trajet domicile travail pour faire du plat jusqu’à Perpignan, trouvent ici tout leur sens. Les efforts devront cependant être poursuivis pour confirmer les progrès (non ceci n’est pas une appréciation dans un bulletin, prof ou ex-prof, ne pas se méprendre). En parlant du loup, pendant que je zigzague dans les pentes raides, Brice ne perd pas une seconde. Répondant au téléphone, il marche à côté de son vélo, le tout, à la même vitesse que moi. Heureusement, le paysage est à couper le souffle, la vue sur la longue route depuis le fond de la vallée qui s’élève dans cet écrin de végétation est impressionnante.

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C’est aussi l’occasion de partager quelques moments, saccadés, avec Aloïs, puisque nous adoptons tous les deux la technique de l’accordéon synonyme d’une grimpe à la vitesse changeante. Les derniers mètres, c’est dans la roue d’Hélène que je les réalise. Impressionnante de régularité, elle monte sans broncher.
Après 2h d’ascension, j’y suis. Quelques larmes de fatigue et de fierté mouillent mon visage. Je l’ai fait, 60 km et 2000 m de dénivelé me séparent de la maison.

Nous trouvons refuge chez les Cazenove dans le petit hameau de Mantet. La vue sur les sommets et la boisson fraîche finissent de me combler pendant que les derniers rayons du soleil me réchauffent.

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La soirée est, m’a-t-on dit, un moment fort en émotions à Mantet. Et c'est le cas. Le cadre d’exception est souligné par des hôtes chaleureux. Nous dévorons un copieux repas avec notamment les fameuses Boles de Picolat catalanes. Angeline nous fait ensuite part de ses écrits, des poèmes empreints d’histoires et d’émotions qu’elle déclame avec prestance.
Le premier jour s’achève et il est temps de reprendre des forces pour être en forme le lendemain. La nuit s’avère pour moi plus difficile que prévu, puisque mon cerveau ne s’arrête pas de pédaler…

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Jour 2, quand l’orage s’invite à la partie

Le dimanche c’est des nuages qui m’accueillent lorsque je mets le pied dehors. Le beau soleil de la veille a laissé place à un ciel gris et menaçant. Tandis que je fais le plein de tartines pour la journée, la troupe s’amuse à semer le doute dans mon esprit : Suis-je capable de basculer sur l’autre versant ? Sans comparse féminine, vont-ils adopter un rythme qui me convienne ? Vais-je supporter le froid et la pluie ? Mes jambes seront-elles assez solides ? Qu’à cela ne tienne, je veux suivre la bande de garçons et je veux découvrir le Vallespir. Nous quittons Mantet direction le Refuge Da Silva dans une ambiance joviale. Il est encore tôt, et les esprits les plus blagueurs sont en forme.

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Nous nous dirigeons vers la Collada de Roques Blanques où une ascension technique nous amène au point culminant du périple, à 2 252 m d’altitude. Je respire le bonheur, ivre de satisfaction et de fierté d’être là. Hélène et Aloïs nous quittent pour échapper à l’orage et rentrer par le mythique Pla Guilhem. Les autres, nous basculons alors sur le versant sud du massif et c’est la pluie qui nous accueille. Nous entamons l’interminable descente vers Prats de Mollo, 1 500 m plus bas. Les premiers kilomètres sont rudes, les suspensions du Gravel étant inexistantes, c’est le corps qui encaisse les chocs. Heureusement que Brice supervise ma descente et me donne quelques conseils pour améliorer ma position. Le désenchantement doit se lire sur mon visage parce que même David me fait un décompte de ces longs, cassants et caillouteux kilomètres.

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La descente se poursuit ensuite sur une vingtaine de kilomètres sur une piste en meilleur état puis sur du bitume. Le voile de pluie devant les yeux, les vêtements trempés, les mains congelées, je rêve d’un bon plat savoyard au coin du feu. Etienne partageant avec moi mon alpestre chimère, m’attend pour les derniers kilomètres. Malgré ses deux crevaisons, c’est toujours moi qui ferme la marche. Le petit village du Haut-Vallespir, Prats de Mollo, grandiose, se dessine finalement devant nous, rimant avec la pause repas. Malheureusement pour moi, conditions sanitaires obligent, il faudra revenir pour le déjeuner au chaud, nous sommes contraints de manger dehors. Je ne me fais quand même pas prier pour dévorer ma pizza, si certains en plient une part pour le goûter, pour moi c’est au chaud dans mon estomac que je la garderai.

La reprise postprandiale est facilitée par un profil descendant. Nos longeons le Tech jusqu’à la sortie d’Amélie-les-Bains, les uns derrières les autres, les plus malins étant dans les roues des autres (devinez si je suis maligne). L’orage ayant eu raison de notre engouement, nous rentrons par le Col du Fourtou, plus bas que la Tour de Batère et le Col de Palomère initialement prévus. Cette dernière ascension, accompagnée d’un ciel clair, nous replonge dans une végétation plus familière. Les taillis de chêne vert, les maquis à ciste, la garrigue nous suivent jusqu’à Calmeilles où nous gravissons les derniers mètres d’ascension du périple. La montée, c’est avec Quentin que je la partage cette fois-ci. Plutôt calmes, c’est en silence, concentrés sur le point de bascule que nous pédalons. Le Col du Fourtou marque alors le retour dans la vallée du Boulès, au pied de laquelle nous sommes partis la veille au matin et où nous rentrons ce soir. S´ha acabat el bròquil. Afin de prolonger le plaisir, d’arrêter le temps, ici sur nos vélos, nous nous arrêtons une dernière fois. Le Relais de Serrabone, ultime point de passage pour se désaltérer, avant de revenir sur la Plaine du Roussillon, à 150 m au-dessus du niveau de la mer. La journée se termine avec plus de 100 km au compteur, 1 400 m de dénivelé positif, presque le double en négatif et autant d’images dans la tête.

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Le Gravel, équipement résilient pour voyageur avide de découverte

Le week-end fût riche en expériences. Le périple m’a fait découvrir les contreforts du Canigó, par ses vallées et villages les plus reculés, les plus authentiques. Entre routes, pistes et chemins caillouteux, la polyvalence du Gravel nous a permis de traverser une diversité de paysages impressionnante. De la végétation devenant de plus en plus montagnarde du Bas au Haut Conflent d’un côté, des forêts humides et verdoyantes du Vallespir aux maquis des Aspres de l’autre côté, nous avons voyagé au travers multiples climats et végétations du département.

Au-delà de la découverte du voyage, c’est la découverte d’un effort long de 12 heures sur deux jours qui s’est offerte à moi. Bien que cette longueur fut tout à fait nouvelle pour moi, le confort du Gravel a permis de ne pas entamer mon physique davantage que l’investissement lié au pédalage. Malgré l’assistance (fort remerciée) dont nous avons bénéficié pour nous apporter une tenue de rechange à Mantet, un tel périple peut facilement s’envisager avec des solutions de portage. La pratique devient alors sans limite.

C’est un nouveau monde qui s’offre à nous, une nouvelle façon de voyager et de découvrir le monde qui nous entoure. Nous sommes au contact direct de la nature, pour sentir les odeurs, ressentir les flux d’air à la température changeante avec l’altitude, écouter les bruits de la nature ou les éléments anthropiques qui nous entourent. Grâce à la majestueuse invention qu’est la roue, la vitesse de déplacement est suffisamment élevée pour parcourir des unités paysagères différentes avec la seule énergie fournie par notre corps mais relativement lente pour prendre le temps.

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Si le malheur des uns fait le bonheur des autres, alors, un petit clin d’œil à Nathalie qui m’a prêté son bolide pour l’occasion et que je remercie grandement.

Merci également au photographe, sans qui, je n'aurais pas été là. 

#vélo #caminade #allroad #gravel #slowtourism #canigou

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Parution : 24/10/2021