
L’art de transformer son ancien vélo en cargo
Comment faire du neuf, utile et beau avec de l’ancien ? Il y a ceux qui achètent un vélo neuf chaque saison. Et il y a ceux qui regardent leur vieux cadre poussiéreux dans la cave et se disent : il mériterait une deuxième vie. Ceux-là sont peut-être les plus visionnaires.
Bienvenue dans le monde du surcyclage cycliste, celui où l’on transforme un VTT d’il y a 15 ans en cargo du quotidien. Pas pour faire joli dans un salon. Mais pour transporter 50 kg de course, 2 enfants ou quelques caisses de légumes. Pour remplacer la voiture. Pour rouler autrement.
Pourquoi transformer un ancien vélo en vélo cargo ?
L’idée peut surprendre au départ. On se dit que transformer un vieux vélo en cargo, c’est un peu comme vouloir faire un food truck avec une vieille 4L. Mais c’est justement ça, le génie : faire avec ce qu’on a déjà.
1. Parce que c’est économique
Un vélo cargo neuf, c’est entre 3000 et 7000 euros. Une belle machine, mais pas à la portée de tout le monde. Quand on a déjà un cadre en acier ou en aluminium, en bon état, on peut économiser une bonne moitié de cette somme, voire plus si on le bricole soi-même.
2. Parce que c’est écologique
Produire un vélo neuf, même "vert", a un coût environnemental. Extraire de l’aluminium, souder, peindre, expédier… ce sont des ressources, de l’énergie, du transport. Réutiliser un cadre existant, c’est réduire l’empreinte carbone d’un facteur important. Et c’est éviter qu’un vélo parte à la benne alors qu’il peut encore rouler.
3. Parce que c’est unique
Aucun vélo transformé ne ressemble à un autre. On garde son cadre d’origine, ses composants, ses marques de vécu. Le résultat est souvent un mélange de vintage et de moderne, d’efficacité et de mémoire. Un vélo à soi, vraiment.
Que peut-on transporter avec un cargo surcyclé ?
Pas besoin d’être un livreur pour en avoir l’usage. Le cargo, c’est avant tout une machine à vivre autrement la ville (ou la campagne).
- Un ou deux enfants, installés à l’avant ou à l’arrière avec une bonne ceinture
- Les courses du marché, y compris les cagettes de légumes
- Du matériel professionnel : outils, caisse à peinture, sacs, trépied photo
- Son chien (oui, avec un coussin adapté !)
- Ou tout simplement des objets encombrants qui tenaient mal dans le sac à dos
Un cargo remplace une voiture pour 90 % des trajets urbains de moins de 5 km. Et il le fait sans essence, sans bruit, avec le plaisir du grand air.
Les étapes pour transformer son ancien vélo en cargo
Étape 1 : choisir le bon vélo de départ
Tous les vélos ne se prêtent pas à la transformation. Voici les critères essentiels :
- Un cadre en acier ou aluminium (le carbone est exclu)
- Une taille de roue courante : 26", 27.5", 700/29"
- Un cadre rigide, de préférence sans suspension
- Une base saine : pas de fissure, pas de rouille perforante, pas de jeu excessif
Les vieux RockRider, Gitane, Peugeot ou VTT Décathlon sont souvent parfaits pour ça. Robustes, fiables, réparables.
Étape 2 : repenser la géométrie
On ne coupe pas un cadre pour en faire un cargo. On l’allonge à l’avant. C’est là que se joue la magie de la transformation : on garde la position du cycliste (hauteur de selle, de cintre, distance au pédalier), mais on décale la roue avant pour libérer un grand espace de chargement entre le guidon et la roue. Cette géométrie particulière permet de rester stable, même chargé, et maniable à vide.
Deux options :
- Faire appel à un professionnel (comme nous!)
- Utiliser un kit DIY à souder soi-même si on a des compétences en soudure et de bons outils
Étape 3 : monter les bons composants
Un cargo, c’est un vélo plus lourd, plus sollicité. Il faut donc :
- Une béquille centrale renforcée pour le stationner même chargé
- Un système de direction à biellette ou câble, pour connecter le guidon à la roue avant déportée
- Des freins puissants (freins à disque recommandés)
- Une transmission fiable : parfois on garde celle d’origine, parfois on la change pour un mono-plateau moderne
- Des roues costaudes et bien rayonnées
Côté motorisation, on peut choisir de rester en musculaire ou d’ajouter un moteur (comme les kits d’électrification pour vélo de nos copains de Virvolt). L’électrification est intéressante en cas de trajets longs ou de fortes charges, mais pas indispensable.
Étape 4 : la touche finale
- Peinture personnalisée ? C’est possible, avec un nuancier RAL au choix.
- Marquage Bicycode ? Recommandé, surtout pour bénéficier d’aides publiques.
- Accessoires ? Caisse en bois, housse de pluie, siège enfant, panier avant, feux à dynamo ou batterie…
C’est là que le vélo devient vraiment le vôtre. Ni tout à fait ancien, ni complètement neuf. Mais unique, utile, et infiniment plus gratifiant qu’un achat sur catalogue.
Faire du neuf avec du vécu
Transformer un ancien vélo en cargo, ce n’est pas seulement une affaire de mécanique. C’est une manière de rouler autrement, de militer sans slogan, de faire durer plutôt que de jeter, d’habiter la ville à une autre échelle. C’est aussi une fierté. Parce que chaque vélo transformé est un vélo sauvé. Et que chaque trajet sans voiture, c’est un souffle de plus pour nos villes.
Parution : 08/08/2025