El Canigó dans tous ses états

Une fois n'est pas coutume, Canigó Grand Site proposait un atelier participatif ouvert à tous ce lundi soir afin de mener des réflexions sur les enjeux des activités pleine nature sur ce massif. Face à une croissance exponentielle de la fréquentation, la cohabitation entre les traileurs, randonneurs, VTTétistes, graveleurs, éleveurs, muletiers, gestionnaires de forêt et accompagnateurs est en jeu. L'approche holistique est nécessaire pour comprendre les enjeux de chacune des activités et les limites à ne pas dépasser pour respecter tout le monde y compris elle, mère nature.

Texte et photos : Geoffrey Buisan

Depuis que je suis Brice dans nos courses à pied du midi, je me rends compte à quel point s'aérer l'esprit dans une journée de travail est important pour clarifier ses idées et affuter sa vision. Je vous passe évidemment la sensation de bien être que procure une activité sportive !

C'est en suivant ce précepte que je me suis lancé dans la traversée du massif afin de me rendre à Arles-sur-Tech, le lieu de l'atelier. Un dossier de 65km et 1500m de D+ en prévision : Ille-sur-têt, Boule d'Amont, la Bastide, Col de Palomère pour rejoindre la tour de Batère à 1450m d'altitude et enfin basculer sur Arles-sur-Tech. 

Le postulat de base 

Le massif est de plus en plus fréquenté, c'est un fait. Que ça soit par des randonneurs, traileurs ou VTTétistes, la sportivité de la montagne a d'abord attiré un public initié à l'activité en montagne parfois périlleuse. Or les plateformes collaboratives et les réseaux sociaux ne cessent de rendre de plus en plus accessibles les itinéraires en montagne. Je ne vous parle même pas des VTT électriques qui démocratisent les ascensions de plus de 1000m de dénivelé avec les accès aux GR qui vont avec. Épaulé d'un directeur visionnaire, Canigó Grand Site le sait, il va falloir démarrer en 3ème si on veut encadrer ces tendances qui de par leur existence accusent de leur légitimité.

Heureusement le premier débat concerne le pédestre, je dis heureusement car ça m'a permis d'identifier les acteurs ou les détracteurs. Les fameuses guerres de chapelles, il est difficile d'y voir clair tant le débat est dévié sur des cas anecdotiques et spécialisés.

Le pédestre est le premier chantier auquel s'est attaqué Canigó Grand Site, aujourd'hui le schéma structurant est en place. GR10, GR36, le tour du Canigó, la ronde du Canigó, tous ces itinéraires sont validés et pour la plupart encadrés foncièrement. Les travaux futurs seront d'adapter les produits à la demande et d'améliorer la lisibilité de l'offre. Mais quid du vélo ? On part pas de zéro mais presque ! 

Le vélo un outil pour servir l'éco-mobilité

C'est au pied du mur qu'on voit le mur, depuis plus d'un an l'accès au Cortalet en voiture c'est terminé. L'ONF l'a décrété, les véhicules ne peuvent pas circuler. Le pic du Canigó en 1h30 vous pouvez oublier, c'est depuis la plaine qu'il faudra se l'attaquer et en deux jours cette fois-ci.

Le vélo se positionne comme une clef de voûte parmi les alternatives possibles, la montée à dos d'âne ou à pieds en sont aussi. Chez Caminade, on dit OUI au vélo dans le Canigou mais pas n'importe comment. J'aimerais voir un parc locatif de vélos électriques adapté à la montée et à la descente de la piste du Llech. L'idée d'encadrer cette activité libérale serait de contraindre à la location les vélos électriques sur-équipés qui donneraient envie aux utilisateurs de se lancer dans les sentiers pédestres très accidentés du massif... Au risque de créer des conflits d'usage.

En résumé, le vélo serait un outil de déplacement afin d'acheminer les randonneurs au refuge du Cortalet. Le vélo à assistance ET à capacité de portage sera l'idéal.

Un produit d'appel : Le Gravel de Fer

Le Canigó manque cruellement d'itinéraires vélo. Hormis le site VTT de Vernet, le reste est inexistant. Sauf que les cyclistes n'attendent pas qu'on leur propose des parcours pour s'aventurer dans la montagne sacrée des catalans. Un des meilleurs moyens pour éviter d'envoyer des pratiquants dans les sentiers critiques est d'être pro actif. De créer une offre !  

A l'image du tour del Canigó en pédestre, nous proposons un tour del Canigó en Gravel. L'itinéraire emprunte seulement des pistes ou anciennes routes, il passe par les 5 refuges qui gravitent autour du Canigou. Une boucle qui peut se réaliser en plusieurs jours ou un seul format ultra. La boucle n'est pas exclusive à un seul type de vélo, au contraire, les usagers pourront la réaliser à VTT, vélo à assistance électrique et Gravel.  Le but étant de structurer le massif autour de cet itinéraire, de créer une colonne vertébrale solide afin d'y greffer d'autres boucles à moyen terme. 

Vous l'avez compris, la route est encore longue. La tempête Karine m'a gentiment secoué lors de mon passage à la tour de Batère, comme pour me rappeler qu'un développement raisonnable et raisonné est de mise pour rester en cohérence avec le vivant.