COP28
“ L’homme retrouvera la joie de la sobriété en réapprenant à dépendre de l’autre, au lieu de se faire l’esclave de l’énergie et de la bureaucratie toute puissante. “
La phrase n’est bien sûr pas de moi, mais tirée d’un tout petit bouquin d’Ivan Illich, La convivialité.
J’ai essayé de lister 3 maux qui pourraient nous permettre de nous sortir de ces deux dépendances toxiques.
Brice EPAILLY
L’inflation
La raréfaction des matières premières, qu’elle soit avérée par un réel manque ou juste inégalement répartie, doit nous faire commencer à réfléchir aux fameux "trois R" : Réduire, Réemployer, Recycler. Et attention de ne pas tomber dans le piège de la substitution de certaines matières ou de certaines technologies par d’autres : un véhicule électrique, par exemple, nécessite six fois plus de métaux critiques qu’une voiture à moteur thermique à taille égale. “Réduire”, ça peut donc commencer par le choix de la taille de nos voitures qui de fait les rendra plus sobres.
L’augmentation du coût de l’énergie ( gaz et pétrole ) impacte d’abord les transports, l’industrie et l’agriculture, puis par répercussion le coût des biens de première nécessité, qui satisfont notamment des besoins essentiels d'ordre alimentaire, sanitaire ou vestimentaire : là on est a deux doigts de la sobriété subie.
Si on ajoute à cela la marchandisation des ressources naturelles jusqu’aux produits agricoles ( qui font la joie des spéculateurs ), et l’accaparation de la ressource en eau au prorata du PIB, du chiffres d’affaire ou de la richesse, plutôt qu’une gestion équitable, on comprend que l’inflation ne fait pas que des perdants : un peu comme au Loto, à part que là ce sont toujours les mêmes qui gagnent.
De façon plus générale, l'inflation profite dans un premier temps aux matières premières, à l'immobilier locatif, au marché des actions et aux entreprises capables de transférer la hausse des prix de leurs intrants à leurs clients.
Le réchauffement climatique
Je vais partir du principe que les climato-sceptiques n’ont pas encore fait le deuil de la situation et poser le constat que ce sont les gaz à effets de serre qui, en emprisonnant trop les rayons du soleil, sont à l’origine de la modification anarchique du climat. Ces gaz, conséquence directe des activités de l'Homme, sont au nombre de 4 :
- le Dioxyde de carbone ( CO2 ) est libéré lors de la combustion de combustibles fossiles et de combustibles bruts tels que le bois, le charbon de bois et le kérosène,
- le Méthane ( CH4 ) provient à 40% de l’agriculture ( y compris l'élevage de bétail, le fumier animal et la production de riz ), à 35% des combustibles fossiles ( y compris par les fuites des systèmes de production et de distribution de gaz naturel et de pétrole et des mines de charbon ) et à 20% des déchets provenant de la nourriture et d'autres matières organiques laissés dans les décharges à ciel ouvert,
- le Protoxyde d’Azote ( N20 ) provient du nitrates des engrais et des déjections animales,
- les gaz Fluorés ( FC ), autrefois utilisés dans les frigos et dans les bombes aérosols, sont les les seuls à avoir fait consensus pour leur éradication avec pas moins de 195 États qui étaient parvenus à un accord sur leur interdiction à travers le protocole de Montréal signé en 1987, et appliqué au niveau mondial deux ans plus tard pour éviter le fameux trou de la couche d’Ozone.
A l’heure ou j’écris ces lignes, les membres de la COP28 viennent tout juste d'écrire, dans un accord historique, leur intention d' " engager une transition hors des énergies fossiles ". Le mot " réduire " a failli être écrit, mais trop brutal pour une COP dans le temple du pétrole à Dubaï. Cependant, il a été reconnu officiellement que le réchauffement climatique était dû à 80% à l'utilisation des énergies fossiles.
Le gaz pourrait servir de transition dans les pays émergents ( comprendre les " pauvres " ). On parle plus trop du charbon qui ne concerne que ceux qui en ont car il n'est pas évident à déplacer. Les pays riches, ceux qui extraient le pétrole et/ou qui l'utilisent abondamment, vont investir de plus en plus dans le captage du CO2 : une compensation carbone technologiquement immature qui nous fait regretter le planter d'arbre comme droit à polluer. L'accord parle aussi de l'Hydrogène vert et du nucléaire comme pistes de transition, mais pas de la réduction de notre consommation : nous sommes donc toujours dans une logique de sur-consommation.
En effet, nous avons développé sans nous en rendre compte une industrie de l’objet jetable : qu’il soit à usage unique ou à obsolescence programmée. L’agriculture intensive nous fait jeter ⅓ de la quantité produite en n’arrivant même pas à nourrir la planète. Et nous comptons sur le confort de la voiture individuelle au quotidien et les voyages pour oublier nos boulots alimentaires ou les tracas du quotidien. En attendant que cette " transition ", actée à par 198 pays, se mette en place lentement mais sûrement, nous nous devons de creuser d'autres pistes plus personnelles.
La quête de sens
Si consommer ne rend pas plus heureux, comment travailler à l'être avec une inflation et un dérèglement climatique qui nous pousse à diminuer la voilure ?
- d’abord s’obliger à être heureux ici et maintenant, pas 5 semaines par an ou à la retraite.
- prioriser son propre bonheur, avant d'hypothéquer sa vie dans une maison neuve et son tout petit coin de verdure loin de son travail et qui vous ôtera tout autre choix pendant les 25 ans à venir.
- se poser la question du lien que nous avons avec la planète et comment nous pouvons agir pour éviter qu’elle nous rejette.
... chez Caminade nous essayons de mettre du sens dans nos actions : c'est pas toujours facile, mais être acteur de notre société, nous fait nous sentir vivants !
“ A l’insistance sur le droit d’agir on substitue l’insistance sur le droit d’avoir. Dans le premier cas, le sujet est acteur, dans le second, il est usager. “
Ivan ILLICH
Parution : 12/12/2023