AVATAR, le rêve Américain

AVATAR, le rêve Américain

Les récentes annonces sur les coupures d’électricité qui nous attendent, m’ont inspiré une petite réflexion sur la schizophrénie de la vision de nos élites. J’en ai donc profité pour ré-ouvrir le journal des cons finis. 

Brice EPAILLY 

Si nous partons du principe que le réchauffement climatique ( induit par nos émissions de C0²,  corollaire de l’extraction des énergies fossiles bon marché ) est quoi qu’il arrive en route, et avec lui son cortège de bouleversements : énergétique, hydrique, politique, sociétal… Comment pouvons nous envisager la suite dans un monde dont la croissance, sœur jumelle de nos capacités à extraire ces fameuse énergies fossiles, n’existera plus ou pas pour tout le monde ? 

Pouvons-nous continuer à faire les CowBoys ?

Pouvons-nous continuer à poursuivre un imaginaire capitaliste basé sur le productivisme, le consumérisme, la croissance pour certains et la décroissance subie pour d’autres. En clair, allons nous accentuer la fameuse inégalité entre les pays du Nord et ceux du Sud, et à l’échelle de la France encore accroître les inégalités :

  • 50% des salariés touchent moins de 2 000 € net par mois
  • 79 % touchent moins de 3 000 €
  • 10 % plus de 4 000 €

Si vous êtes dans ce dernier décile vous échapperez sans doute à la décroissance mais peut-être pas à la quête de sens. Et si vous faites partie des 1% les plus riches, ceux qui fixent les règles du jeu, vous allez sans doute continuer à vous enrichir en spéculant sur nos ressources… à moins que ça soit pour nous aider ? car limiter l’accès par le prix, c’est peut-être une bonne façon pour nous faire décroître !

Moi qui croyait que dans un système pyramidal, qui érige la croissance en religion, la richesse des élites était créée par la base, et que la seule façon de gagner plus, était de grimper dans la pyramide. Ou de créer une base plus grande comme dans la fameuse pyramide de Ponzi qui ressemble comme 2 gouttes d’eau à notre système capitaliste : la théorie du ruissellement est en train de noyer la base.

La bonne santé physique et psychologique d’une société est inversement proportionnelle à l’augmentation des inégalités ( Richard Wilkinson ). Elle n’est pas proportionnelle à la croissance, qui, dépassant un certain seuil est contre productive. On en est là, dans une économie libérale de marché régie par la loi de l’offre et de la demande. En parlant de demande, celle des métiers de service augmente en flèche depuis 1990 et l’accélération de la sous-traitance de nos dépendances consuméristes en Asie. Mais ce retour du domestique et de la logique du travailler plus pour gagner plus, peut s'apparenter à de l’esclavage quand le revenu ne permet même plus l'accès aux ressources de base. Sans doute une des raisons des freins à l’emploi : passer d’un RSA à un SMIC est un énorme saut dans l’inconnu quand on en est à compter à l’euro près.

L’état providence n’existe plus, mais la répression est là, telle une punition collective qui montre aux sur-consommateurs qu’ils peuvent continuer à augmenter leur niveau de vie, aidés en celà par la Technologie : la 5G va démocratiser les véhicules autonomes des gagnants de l’individualisme, les commandes vocales et la reconnaissance faciale. Un flicage ou une évaluation jusque-là chasse gardée d’une école où la mise en compétition permanente n’a d'équivalent que dans le sport spectacle, digne descendant des jeux du cirque romains, avec en plus, ce soupçon de soft power. Si ça peut nous éviter les guerres, soit, regardons la coupe du Monde au Qatar.  

A noter que les sociétés les plus égalitaires seraient aussi les plus innovantes, mais pendant ce temps, le cowboy chasse la licorne : ces fameuses start-up valorisées à 1 milliard. Et peu importe si elles militent pour le vivant ou pour sa destruction : vivre sur mars, déplacer nos systèmes industriels polluant sur la lune ou implanter nos cerveaux dans un ordinateur… pas d'inquiétude, les 1% ont la solution. J’ai vraiment l’impression que les compétences requises, pour monter au 7ème ciel de cet ascenseur social, sont assez différentes de celles qu’il nous faudrait déployer pour nous en sortir tous.

… ou allons nous vivre comme les Indiens ?

Allons nous recentrer nos efforts sur le développement durable, l’écologie populaire ( ou l’éco-socialisme ) et la décroissance choisie : une planification écologique du vivre mieux plutôt qu’économique du toujours plus. 

Bien sûr que nous aurons besoin d’innovation et de technologie. Mais l’aire des Low Tech et du réparer plutôt que du jeter nous permettra de garder un confort que peu d’êtres humains ont encore atteint : près de la moitié de la population mondiale vit avec 5$50 par jour. Certes, nous allons devoir nous accorder sur un minimum commun. Il s’agit pas de revenir aux signaux de fumée des Indiens, mais que va nous apporter la 5G à part une augmentation de la consommation d’énergie, de la pollution et de l’addiction ? Est-ce ça le progrès ? 

Le gâteau, extensible à l’infini, dans lequel le capitalisme nous ordonne de prendre une part de plus en plus grosse est en train de se réduire à vue d'œil. Comme d’habitude, les plus armés se jettent sur les plus grosses portions et notre vigilance est détournée par la vitesse numérique de nos vies. Ce n’est pas le formatage que nous avons subi à l’école qui va stopper cette autodestruction, et encore moins les injonctions à consommer pour être heureux. Le monde se remplit de plus en plus de pauvres cowboys solitaires au service de quelques propriétaires terriens.

Et si nous nous reconnections aux esprits de cette nature, qui comme nous est vivante et le restera longtemps après nous, en essayant de préserver le vivant. Prenons le temps de vivre au rythme des saisons et pas de l’horloge atomique qui pilote la roue du hamster. Entraidons-nous, collaborons, inspirons nous de l’ailleurs : des indiens et leur régime matriarcal. Leurs femmes étaient polyandres, et quand elles en avaient ras le bol de leur associé, elles mettaient juste ses affaires devant la tente pour signifier la fin, sans heurt, de leur contrat de mariage. Loin de moi, l’idée de proposer la polygamie en guise de solution finale, mais ressortons au moins les arcs et les flèches pour jouer à ETRE des indiens et ignorons les cowboys de la croissance de l’AVOIR.

Pour en revenir à la problématique concrète du délestage électrique, je me suis posé la question de ma propre consommation 12kwh/jour à 3 personnes, soit 4 kwh/jour et par personne. C’est pas beaucoup comparés aux 6 kWh/jour de la moyenne d’un Français, mais je chauffe au bois ( 3 stères par an, ma maison est très bien isolée ) et “c’est pas Versailles” chez moi. Mais au moment où l’électricité sera coupée, j’ai la même chance que n’importe qui d’être pénalisé pour ne pas dire puni. Peut-être que le compteur Linky pourrait limiter nos puissances maxi certains soirs d’hiver, au moment où la demande est maximale : je n'allumerai ni la bouilloire, ni le micro-ondes, ça me fera une raison de ne plus les utiliser. Et tant qu’on y est, le reste du temps, pourquoi pas un prix du kwh progressif : plus on consomme, plus c’est cher ! Un partage des ressources en limitant leur accès non pas par le prix initial, mais par la quantité... à méditer !

Un avatar, c'est le changement, la transformation ou la métamorphose d'une personne... je vous souhaite à tous de devenir le meilleur Avatar de vous même !

Parution : 16/12/2022